jeudi 9 juin 2011

Les grands libertins de l'Islam (Driss Ksikes)



Le monde islamique n'a pas toujours été une citadelle de dogmes. Orient rimait un jour avec volupté, beauté, passion...et surtout pensée libre.

De 740 à 1200, de Bagdad à Cordoue, d’Abou Nawas à Ibn Rochd, un vent de liberté a soufflé sur le monde musulman. Les pouvoirs n’étaient pas plus libéraux qu’aujourd’hui, mais le foisonnement culturel et l’amour de la vie forçaient le destin.

Un million d’habitants, 70.000 juifs, des salons littéraires où l’on se déclare ouvertement impie, une vie nocturne mouvementée, des houris et éphèbes dans des maisons offertes à la luxure, des tavernes où le vin coule à flot… Où sommes-nous ? A Bagdad, à fin du VIIIème siècle (IIème de l’hégire). Treize siècles plus tard, on en est vraiment loin. à l’époque, Bagdad, à peine récupérée par la dynastie des Abbassides, est en ébullition. Dans le métissage qu'offre la ville médiévale, de plus en plus de poètes et de philosophes, quoique musulmans dans l’âme, prônent le droit de "disposer librement de leur corps et de leur esprit". Une longue tradition de libertins est née. Une histoire tortueuse s’ensuit. La parenthèse ne sera refermée définitivement qu’au XIIIème siècle, à l’autre bout du monde musulman, à Cordoue précisément, sous l’impulsion de fuqaha orthodoxes, relayés par la bigoterie des Almohades à Marrakech. En tentant, sept siècles plus tard, de revisiter cette parenthèse de scepticisme et de liberté, le philosophe égyptien Abderrahmane Badaoui s’est voulu optimiste : "Les mouvements sunnites et salafistes prennent la religion au mot. Ils constituent des moments de crise dans la vie spirituelle des musulmans. Dès que la communauté s’en sera débarrassée, elle pourra reprendre son évolution normale". Ce n’est pas encore le cas. Mais rien ne nous empêche, comme lui, de revisiter cette période où des individus libres ont bravé les interdits, profité parfois d’îlots de tolérance ou subi les pires persécutions.
"Si tout cela a été possible à l’avénement des Abbassides, c’est parce qu’il y a eu d’un côté l'émergence d'un art d'écrire, voire de transgresser et, de l'autre, un laisser-faire des politiques qui ne cédaient pas toujours à la pression des fuqaha", estime l’écrivain Abdelfattah Kilito. Nous sommes, alors, à une époque où tout est encore possible. Les Omeyyades viennent d’être chassés du califat. L’alliance des mécontents fait arriver, pour la première fois des Perses aux postes de pouvoir. Il s’ensuit un métissage ethnique et intellectuel sans précédent. Bref, le cadre est adéquat pour la liberté de pensée. Libertin de la première heure, le poète Bachar Ibn Burd est l’exemple même du Perse pro-arabe. Il reçoit des femmes chez lui deux fois par semaine pour leur lire ses poèmes réputés sages et impudiques à la fois, évoquant leur intimité tout en flattant leurs sens. "à l’époque, même à Médine et à la Mecque, bastions de la vie religieuse, les odes à l'amour d’un Omar Ibn Abi Rabia, sont déclamées dans l’enceinte de la mosquée par un grand exégète du Coran", rapporte Driss Belmlih, spécialiste de la littérature abbasside. à Bassora, il y a alors un souk permanent où les plaisirs de la chair et du palais sont exposés au public. Les califes, des despotes éclairés, soufflent tout de même le chaud et le froid. Al Mahdi, par exemple, nomme un certain Abdeljabbar, vigile de l’orthodoxie religieuse contre les hérétiques. Il mène la vie dure aux écrivains qui se déclarent ouvertement immoraux. Son successeur Al Amine, en revanche, reçoit dans sa cour le plus subversif des poètes, Abou Nawas. Celui-ci y loue "la luxure comme mode de vie festif auquel tout le monde a accès". Le vin, l’éloge de l’homosexualité, tout y passe dans un langage plaisant. Mais tous les sérails n’ont pas la même tolérance à l’égard des écrivains à la moralité ou à la croyance douteuses. Ainsi en est-il d’Ibn Al Mouqaffaa, mazdéen converti à l’islam malgré lui. Même s’il juge dans ses écrits l’autorité religieuse arbitraire, il met ses opinions en sourdine. Son problème était de sortir indemne de la compagnie du prince.
Nous sommes au milieu du IXème siècle. Un foisonnement culturel est initié à Bagdad par le calife Al Mamoun. En créant Dar Al Hikma (Maison de la sagesse, composée d'une bibliothèque et d'un centre de traduction), il permet un accès plus facile aux cultures persane et grecque. La porte est grande ouverte pour des débats sans fin sur l’unicité de Dieu, la genèse du monde et bien d’autres problématiques de haute volée. Mais face aux politiques qui ouvraient les portes de la culture, les oulémas veillaient au grain. "Même si les écrivains les plus athées voulaient braver les interdits, ils cherchaient souvent le meilleur moyen de s'en sortir sains et saufs", explique l’orientaliste Léo Strauss. Prenons le cas du philosophe muâtazilite Al Jahidh. Il écrivait toujours ses textes en forme de dialogues pour ne pas être pris au mot. Le philosophe Al Farabi, quoique rationaliste, ne disait-il pas que "la conformité avec les opinions de la communauté religieuse dans laquelle on a été élevé est une qualité indispensable pour la survie du futur philosophe ?" Mais tous les penseurs libres n’étaient pas aussi prudents. Ibn Riwandi, théologien et muâtazilite radical, pour ne citer que lui, n’y va pas par quatre chemins. Vers 860, il rejette ouvertement la révélation divine et refuse qu’un prophète, Mohamed en l’occurrence, veille par ses enseignements sur l’organisation de la société. Résultat, il est attaqué et persécuté par ses contemporains. Ses livres disparaissent subitement de la circulation. Trente ans plus tard, Sarkhassi, un élève du philosophe perse Al Kindi, est emprisonné puis tué en prison par le calife Moâtadid. Quel a été son tort ? Il faisait partie des épicuriens qui croyaient en Dieu et non en ses messagers. Pour lui, "Mohamed est un mythomane". Ces répressions n’ont pas empêché Mouhiedine Arrazi, penseur et médecin, de s’exprimer aussi ouvertement. Classé par Abderrahmane Badaoui parmi les athées de l’époque, il écrit, sans détours, que "la raison est l’unique lumière qui nous éclaire", que "Dieu n’est pas le seul éternel puisque la matière l’est aussi" et que "l’homme ne peut accepter de tutelle extérieure puisque sa réincarnation le renforce". Si Arrazi l'a échappé belle, Al Hallaj, lui, a subi la loi des gardiens de l’orthodoxie. Poète inclassable, il s’est placé hors de l’islam rituel et s'est positionné "new age" avant l'heure (pour lui Dieu est en chacun de nous et non dans les textes). Résultat ? Il a été décapité.
Au Xème siècle, cette fin tragique est une exception dans l’univers des poètes. Ces derniers, quoique traités de zanadiqa (hérétiques) semblent plutôt tolérés. Aboul’âlaa Al Maari a beau s’en prendre aux oulémas, faisant d’eux les responsables de l’ignorance et de la corruption, il s’en sort indemne. Un certain Ibn Ouqaïl a beau le taxer de poète "ouvertement athée et secrètement musulman", le stoïque de Maara continuera son petit bonhomme de chemin. "Si les auteurs passaient entre les mailles du filet, explique Kilito, c’est parce qu’ils avaient un art d’écrire, par allusion, par distorsion de style, en disant la chose et son contraire". Ceci est tout aussi vrai pour Ibn Hazm. Ce poète aristocrate, libre, qui vivait à Cordoue, parmi les femmes, chantant leur amour et la beauté de leurs atours, avait également l’art de ne pas dire ouvertement tout ce qu’il pense. Il a écrit, certes, un poème qui lui a valu une grande polémique. Il y dit : "jusqu’au ciel, me dit-on, crois-tu arriver ? / Oui, une échelle y monte et j’ai su la trouver". Mais notre homme a l’art de cacher sa liberté de pensée. Il distingue, selon André Miquel, trois catégories de sceptiques. "Ceux qui doutent et préservent le fait religieux. Ceux qui doutent de tout sauf du Créateur. Et ceux qui ménagent autant Dieu que le prophète". Omar Khayyam, lui, doute tout court. Il trouve son plaisir dans sa capacité à tordre le cou aux idées convenues : "S’il existait un enfer pour les amoureux et les buveurs, le paradis serait désert", écrit-il comme pour inverser les valeurs édictées par les dévots. L’astronome perse a traversé la vie en jouant à l’équilibriste entre croyance et jouissance. Il s’en sortira, à son tour, sans fracas. Cette licence faite aux poètes libertins, l’islamologue Dominique Urvoy lui trouve une explication plausible. "Contrairement à la prose, la poésie (vieille tradition arabe) appartient à la zandaqa, non à la pensée. Elle peut servir de support à des attaques nominales ou à l’expression d’exaspérations personnelles mais pas de base idéologique à un mode de réflexion".
Tel n’est pas le cas des philosophes, le soufi Hamed Al Ghazali et le rationaliste Ibn Rochd, qui ont vécu en Andalousie au moment de son déclin. Le premier, quoique modéré, a vu brûler son livre initiatique, Al Mounqid Min Addalal (voyage dans le doute vers le soufisme), par le sultan almoravide Youssef Ibn Tachfine. Le second a vu des copies de ses manuscrits également brûlées suite à un conflit avec Abou al Abbas Sebti. Nous sommes alors à la fin du XIIème siècle. La fin d’une ère de liberté fluctuante. Le bûcher est allumé partout. Même à Bagdad. Envahi par les Mongols, le berceau des libertins musulmans a vu tout son patrimoine littéraire et livresque consumé et jeté dans l’Euphrate. Il ne s’en est jamais remis.

Driss Ksikes

Source: Telquel

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Abou Nawas (an 815) - Pour l'amour d'un chrétien

De bon matin, un faon gracieux me sert à boire.
Sa voix est douce, propre à combler tous les vœux.

Ses accroches cœurs sur ses tempes se cabrent.
Toutes les séductions me guettent dans ses yeux.

C'est un Persan chrétien, moulé dans sa tunique,
qui laisse à découvert son cou plein de fraîcheur.

Il est si élégant, d'une beauté unique,
qu'on changerait de foi - sinon de Créateur -pour ses beaux yeux.

Si je ne craignais pas, seigneur, d'être persécuté par un clerc tyranique,
je me convertirais, en tout bien et tout honneur.

Mais je sais bien qu'il n'est qu'un islam véridique....

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Omar Khayyâm: Roubaïates (Les Quatrains)


1

O toi qui dans l’univers entier es l’objet choisi de mon coeur!

toi qui m’est plus chère que l’âme qui m’anime, que les yeux qui m’éclairent!

il n’y a rien, ô idole, de plus précieux que la vie:

eh bien! tu m’es cent fois plus précieuse qu’elle.

2

Lève-toi, viens, viens, et, pour la satisfaction de mon coeur,

donne-moi l’explication d’un problème:

apporte-moi vite une cruche de vin, et buvons

avant que l’on fasse des cruches de notre propre poussière.

3

Lorsque je serai mort, lavez-moi avec le fus de la treille;

au lieu de prières, chantez sur ma tombe les louanges de la coupe et du vin.

Si vous désirez me retrouver au jour dernier,

cherchez-moi sous la poussière du deuil de la taverne.

4

Puisque personne ne saurait te répondre du jour de demain, empresse-toi

de réjouir ton coeur plein de tristesse; bois, ô lune adorable!

bois dans une coupe vermeille, la lune du firmament

tournera bien longtemps, sans nous y trouver.

5

Puisse l’amoureux être toute l’année ivre fou,

absorbé par le vin, couvert de déshonneur!

lorsque nous avons la saine raison, le chagrin nous assaille de tous côtés;

à peine sommes-nous ivres, eh bien, advienne que pourra!

6

Bien que ma personne soit belle, que le parfum qui s’en exhale soit agréable,

que le teint de ma figure rivalise avec celui de la tulipe,

que ma taille soit élancée comme celle d’un cyprès, il ne m’a pas été démontré,

cependant, pourquoi mon céleste peintre a daigné m’ébaucher sur cette terre.

7

Je veux boire tant et tant de vin

que l’odeur puisse en sortir de terre quand j’y serai rentré,

que les buveurs à moitié ivres de la veille qui viendront sur ma tombe

puissent, par l’effet seul de cette odeur, tomber ivre-morts.

8

Dans la religion de l’espérance attache-toi autant le coeur que tu pourras;

dans celle de la présence lie-toi avec un ami parfait;

sache le bien, cent kaabas, faites de terre et d’eau, ne valent pas un coeur,

Laisse donc là ta kaaba et va plutôt à la recherche d’un coeur.

9

Le jour où je prends dans ma main une coupe de vin

et où, dans la joie de mon âme, je deviens ivre-mort, alors,

dans cet état de feu qui me dévore, je vois cent miracles se réaliser,

le mystère de toutes choses me devient aussi clair que l’eau.

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Aboul'âlaa Al Maari (973 – 1057). Le pessimiste sceptique
"Le Coran, la torah, les évangiles... à chaque génération ses mensonges"

"Réveillez-vous, réveillez-vous, ô égarés ! Vos religions sont subterfuges des anciens". Aboul'âlaa Al Maari distille sa liberté de pensée sous couvert de sagesse. Né à Maarat Al Nu’man en Syrie, il devient aveugle à 4 ans suite à une épidémie de variole. Il enchaîne les études, de religion, de linguistique et de littérature, se rend à Alep pour perfectionner ses acquis et rencontre les grands lettrés de son temps à Bagdad, à l’âge de 35 ans. Son pessimisme prend déjà forme. Il refuse de se marier "pour ne pas perpétuer l’humanité". Quoique fortuné et entouré de serviteurs, il mène une vie d’ascète. Certains le disent anti-religieux. Au fond, Al Maari est un sceptique né. Dans un de ses fameux poèmes, il se dit ballotté entre "les cloches de l’église et la voix du muezzin". Cherchait-il sa voie ? Pour lui, la vérité est au-delà des chapelles. "Coran, Torah, évangiles… à chaque génération ses mensonges / que l’on s’empresse de croire et de consigner", écrit-il. Aussi doué en vers qu’en prose, il consigne dans Luzumiat (Obligations) son sentiment que tout est mensonge. "Si vos bouches louent Dieu, vos âmes et vos cœurs sont dans l’allégresse sans raisons". Dans sa fameuse épître du pardon (Rissalat Al Ghofran) – souvent comparée à la Divine Comédie de Dante – il prend, sans en avoir l’air, la défense d’auteurs anti-conformistes. Il estime que, dans le lot de leur littérature, "un vers pudique suffit pour les absoudre". Quant à lui, il en a produit plusieurs pour noyer le poisson.
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Ibn Rochd (1126 – 1198). La raison d’abord

"L’essence de Dieu n’est pas en contradiction avec la science rationnelle"

Abu Al-Walid Mohammed Ibn Rochd est un homme aux multiples talents. Né à Cordoue, où il fréquente les meilleures écoles, il suit une formation encyclopédique et en sort meilleur médecin de sa génération. Alem comme son grand père, il devient aussi le premier philosophe arabe à accéder aux textes d’Aristote dans leur version originale et à en devenir le commentateur attitré. Musulman, connaissant les ficelles de la charia, et aristotélicien abreuvé de la raison grecque, il considère qu’il n’y a pas de contradiction entre le sens profond (batin) de la loi divine et l’esprit rationnel. Mais de peur de s'aliéner les musulmans qui s’en tiennent au sens extérieur du texte coranique (zahir), il estime, comme Platon, que "la philosophie devrait rester l’apanage de l’élite". à l’âge de 40 ans, un autre membre de l’élite, Ibn Toufaïl, le présente à l’émir Abou Yacoub Youssef qui le fait cadi à Séville puis le nomme son médecin personnel à Marrakech, en remplacement de son ami Ibn Toufaïl. A Marrakech, il répond en 1189 à un autre penseur, plus traditionnaliste, Abou Hamid Al Ghazali, dans son fameux livre Tahafut al-Tahafut (L’Ecroulement de l’écroulement) pour montrer que "l’essence éternelle" de Dieu n’est pas en contradiction avec "la science rationnelle" de ses créatures. Lorsqu’il tente d’expliquer le monde par des lois mathématiques, le nouveau calife Yacoub Al Mansour l’exile à Fès comme hérétique. Condamné plus tard par le concile de Paris, il sera gracié, reviendra à Marrakech et y mourra.
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Al Hallaj (857 – 922). L’homme-Dieu


"L'attachement à dieu devrait effacer l'image de la kaâba de nos esprits"

"Je suis la vérité ; je suis la vérité créatrice ; je suis Dieu". S’il y a un penseur qui a été à ce point identifié à des dires qui lui ont coûté la vie, c’est bel et bien Al Hallaj. Né à Tur en Iran, il apprend le Coran par cœur à 12 ans et s’installe avec sa famille à Bassora, où il affûte ses armes d’écrivain et d’ascète. Marié, père plus tard de trois enfants, il n’est d’abord qu’un soufi excessif. Plus tard, il sera catalogué comme sympathisant des Qaramita, d’anciens esclaves qui militaient contre les Abbassides au pouvoir. Mystique avant tout, il porte le noir pour symboliser le dépouillement et reste sur le parvis de la Mecque pendant toute une année pour protester contre la dévotion superficielle de ses coreligionnaires. Au bout de trois pèlerinages, de longues années de mysticisme qui l’ont mené jusqu’en Inde, chez les bouddhistes, il devient humaniste. Il décide de transcender les formes matérielles et rituelles de la religion. "L’attachement à Dieu devrait effacer l’image de la Kaaba de nos esprits", écrit-il. Il en construit une en miniature dans sa maison et se déclare "impie, non concerné par la charia musulmane et prêt à mourir au nom de l’humanité, crucifié". Amoureux de Dieu, avant tout, il estime que "l’essence divine est voilée par les anges dans le ciel et le prophète Mohammed ici bas". Une série de procès s’ensuit contre lui à Bagdad. Il est poursuivi, comme Jeanne d’Arc après lui, pour l’amour de Dieu. Il sera finalement décapité au bout de 820 jours de démêlés politico-judiciaires.
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Le jardin parfumé. Manuel d'érotologie arabe du Cheikh Nefzaoui

Cheikh Nefzaoui, de son vrai nom Abou Abdallah Mohammed Ben Omar Nefzaoui (أبو عبدالله محمد ابن عمر النفزاوي), est un écrivain érotique arabe. Il serait né dans la région du Nefzaoua située dans le sud de l'actuelle Tunisie.

Aux alentours de l'année 1420, il rédige, à la demande du souverain hafside de Tunis, Abû Fâris `Abd al-`Azîz al-Mutawakkil, La Prairie parfumée pour la récréation de l'âme (الروض العاطر في نزهة الخاطر) plus communément appelé La Prairie parfumée. Ce livre est un manuel d'érotisme où tout ce qui concerne l'acte sexuel est répertorié.

Cet ouvrage jouit d'une réputation établie dans le monde arabe semblable à celle qui fait la notoriété des Mille et une nuits. Nefzaoui dit n'éprouver aucune honte lorsqu'il s'agit de transmettre aux jeunes générations une éducation sexuelle fiable. (Source)

C'est le manuel érotique arabe. Si ce livre procure toutes les recettes aphrodisiaques du monde, s'il dévoile les corps et les décline en d'innombrables postures, c'est parce que le Cheik Nefzaoui veut livrer le secret de l'univers : le jardin parfumé, c'est le paradis et le paradis, c'est le corps des femmes. L'éditeur I. Liseux présentait ainsi l'ouvrage en 1885 : " L'auteur paraît avoir rédigé ce traité d'érotologie d'après les ordres du grand vizir du bey de Tunis, curieux sans doute de posséder un manuel où tout ce qui regarde l'amour et les rapports sexuels serait exposé dans un ordre méthodique : classification des plaisirs, diverses manières de les goûter, préceptes d'hygiène, composition des baumes et parfums, recettes aphrodisiaques, excellent conteur et bon poète, il a de plus assaisonné le tout de quantité d'historiettes divertissantes. " Cette première traduction française avait ravi Guy de Maupassant, qui la fit publier. Nous avons redonné l'intégralité des treize lithographies et les quarante-trois figures au trait qui l'accompagnaient ainsi que les dix gravures fort libres de l'édition de Liseux, ensemble qui n'avait jamais été repris jusqu'à présent.

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Ahmad al-Tifachi: Les Délices des cœurs

Ahmad al-Tifachi ou Ahmad al-Tîfâshî (أحمد التيفاشي), de son nom complet Ahmad ibn Yusuf al-Tīfāchī, né en 1184 à Tiffech (Algérie) et décédé en 1253 au Caire, est un poète, écrivain et anthologiste berbère de langue arabe. Il aurait principalement vécu à Tunis, au Caire et à Damas.

Né à l'époque des Almohades, il est un célèbre géologue et musicologue arabo-musulman du Moyen Âge. Il a aussi occupé aussi le poste de grand qadi à Gafsa, un poste déjà occupé par son père. Son oncle Yahia ibn Ahmad al-Tifachi, est lui aussi un écrivain très proche des sultans et des califes.
Réputé pour sa culture et son éducation, il a par ailleurs compilé une anthologie de douze chapitres de poésie arabe et de plaisanteries sur les pratiques sexuelles et érotiques, Les Délices des cœurs par les perceptions des cinq sens (سرور النفس بمدارك الحواس الخمس), faisant état à la fois de relations hétérosexuelles et homosexuelles, avec toutefois un biais envers ces dernières, principalement pédérastiques. Une traduction française, d'après une copie en arabe conservée à Paris, est publiée entre 1971 et 1981 : Les Délices des cœurs par Ahmad al-Tifachi. Une traduction scolastique des sections homo-érotiques est également publiée en anglais : The Delight of Hearts — A Promenade of the Hearts — or What You Will Not Find In Any Book (1988).

Al-Tifachi rédige d'autres traités concernant l'hygiène sexuelle, dont une copie est conservée à la United States National Library of Medicine.

Il redige enfin un traité en musique, intitulé Le Plaisir de faire écouter dans la science de l'audition (متعة الاسماع في علم السماع، في الموسيقى).
http://fr.wikipedia.org/wiki/Ahmad_al-Tifachi

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