samedi 13 novembre 2010

La Controverse de Sion - par DOUGLAS REED (chap. 11)

Chapitre 11

LE PHENIX PHARISAÏQUE 
 
C’est là qu’arrive le paradoxe familier et récurrent ; la catastrophe de Judée, qui arriva quelques décennies après la mort de Jésus, fut le triomphe des pharisiens, car elle les rendit suprêmes dans la communauté juive. Par la crucifixion de Jésus, ils se débarrassèrent d’un « prophète et rêveur » qui aurait jeté leur Loi à terre. Les brèves années qui restaient à la Judée les débarrassèrent de tous les autres partis qui luttaient contre eux pour le pouvoir sous cette Loi.
Après la mort de Jésus, les pharisiens, selon l’Encyclopaedia Juive, trouvèrent un « soutien et ami » en la personne du dernier roi hérodien de Judée, Agrippa 1er. Agrippa les aida à se débarrasser des sadducéens, qui disparurent de la scène judéenne, y laissant toutes les affaires entre les mains des pharisiens (dont la plainte concernant le lignage iduméen semble, par conséquent, peu fondée). Ils devinrent ainsi tout puissants à Jérusalem, comme les Lévites après la séparation de Juda d’avec Israël, et comme lors de ce précédent événement, le désastre s’ensuivit immédiatement. En se relevant, tel un phénix, des cendres de tout cela, les pharisiens répétèrent aussi l’histoire des Lévites.
Durant les quelques années qui restaient à la minuscule province déchirée, les pharisiens révisèrent une fois de plus « la Loi », ces « commandements d’hommes » que Jésus avait attaqués de la manière la plus cinglante. Le Dr Kastein dit : « La vie juive était régie par les enseignements des pharisiens ; toute l’histoire du judaïsme fut reconstruite à partir du point de vue pharisaïque. Le pharisaïsme forma l’identité du judaïsme, et la vie et la pensée du juif pour l’avenir entier… Il fait du « séparatisme » sa caractéristique principale ».
Ainsi, immédiatement après la vie de Jésus et son accusation des « commandements d’hommes », les pharisiens, comme les Lévites auparavant, intensifièrent la nature raciale et tribale et la rigueur de la Loi ; la doctrine de la destruction, de l’asservissement et de la domination fut aiguisée à la veille de l’ultime dispersion du peuple.
Les paroles du Dr Kastein sont d’un intérêt tout particulier. Il avait auparavant déclaré (comme déjà cité) qu’après que Néhémie eut infligé la « Nouvelle Alliance » aux Judaïtes, la Torah reçut une mise au point « finale », et qu’ « aucun mot » ne devait en être changé par la suite. De plus, au temps de cette « reconstruction » pharisaïque, l’Ancien Testament avait déjà été traduit en grec, si bien que les changements supplémentaires apportés par les pharisiens n’auraient pu se faire que dans l’original.
Il semble plus probable que la déclaration du Dr Kastein se réfère au Talmud, l’immense continuation de la Torah qui fut apparemment commencée durant les dernières années de la Judée, bien qu’elle ne fût consignée par écrit que bien plus tard. Quoiqu’il se passât, « la vie et la pensée du juif » furent une fois encore établies « pour l’avenir entier », et le « séparatisme » fut réaffirmé en tant que principe suprême de la Loi.
En 70 ap. J.-C., peut-être trente-cinq ans après la mort de Jésus, tout s’écroula. La confusion et le désordre en Judée étaient incurables, et Rome intervint. Les pharisiens, qui avaient à l’origine sollicité l’intervention romaine et étaient suprêmes en Judée sous les Romains, ne réagirent pas.
D’autres peuples de Palestine, et plus particulièrement les Galiléens, refusèrent de se soumettre à Rome, et après de nombreux soulèvements et campagnes, les Romains entrèrent dans Jérusalem et la rasèrent. La Judée fut déclarée territoire conquis, et le nom disparut de la carte. Pendant de longues périodes durant les mille neuf cents ans qui suivirent, aucun juif ne vécut à Jérusalem (les Samaritains, un minuscule noyau de ceux qui avaient survécu à toutes les persécutions, sont le seul peuple ayant vécu en Palestine en continu depuis les temps de l’Ancien Testament).
Le Dr Kastein appelle les soixante-dix ans qui se terminèrent par la destruction romaine de Jérusalem « l’Âge héroïque », sans doute à cause du triomphe pharisaïque sur tous les autres dans la lutte pour l’âme du judaïsme. Il pourrait difficilement vouloir appliquer cet adjectif au combat contre les Romains, puisqu’il fut mené en grande partie par les étrangers galiléens, dont il n’est guère l’admirateur. 


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