samedi 13 novembre 2010

La Controverse de Sion - par DOUGLAS REED (chap. 02)

Chapitre 2

LA FIN D’ISRAËL

Environ cinq cents ans avant l’événement de 458 av. J.-C., soit pratiquement trois mille ans avant aujourd’hui, l’association brève et mouvementée entre Juda et les Israélites (« les enfants d’Israël ») prit fin. Israël rejeta la doctrine du peuple élu qui commençait à prendre forme en Juda, et partit de son côté. (L’adoption du nom « Israël » par l’État sioniste mis en place en Palestine en 1948 était un faux prétexte flagrant).
Les événements qui menèrent à cette union courte et malheureuse remontent aux siècles précédents. La période mythologique ou légendaire de Moïse fut suivie par une période en Canaan durant laquelle « Israël » fut l’entité forte, cohésive et reconnaissable -la confédération nordique des dix tribus. Juda (que la très petite tribu de Benjamin avait rejointe) était un petit royaume insignifiant du sud.
Juda, dont descend le sionisme d’aujourd’hui, était une tribu de mauvaise réputation. Juda vendit son frère Joseph, le fils préféré de Jacob-dit-Israël, aux Ismaélites pour vingt deniers d’argent (comme bien plus tard Judas, le seul Judéen parmi les apôtres, trahit Jésus pour trente deniers d’argent), et fonda ensuite la tribu dans l’inceste (La Genèse 37-38). Les scribes religieux, qui écrivirent ce compte rendu biblique des siècles plus tard, s’étaient rendus les maîtres de Juda, et comme il altéraient la tradition orale à chaque fois que cela leur convenait, la question se pose : pourquoi se donnèrent-ils la peine de préserver, ou même peut-être d’insérer, cette attribution de commencements incestueux et cette nature perfide au même peuple qui, disaient-ils, était l’élu de Dieu ? La chose est mystérieuse, comme bien d’autres choses dans les Écritures lévitiques, et seuls les cercles fermés de la secte pourraient fournir une réponse.
Quoiqu’il en soit, ces Écritures et les autorités actuelles s’accordent sur la séparation d’« Israël » et de « Juda ». Dans l’Ancien Testament, Israël est souvent appelée « la maison de Joseph », distinguée sans équivoque de « la maison de Juda ». L’Encyclopaedia Juive dit : « Joseph et Juda représentent deux lignages distincts » et ajoute (tel que déjà cité) que Juda était « selon toute probabilité une tribu non-israélite ». L’Encyclopaedia Britannica dit que le judaïsme se développa bien après que les Israélites se furent mélangés à l’humanité, et que la véritable relation entre les deux peuples est le mieux exprimée dans cette phrase : « Les Israélites n’étaient pas des juifs ». Historiquement, Juda devait survivre pendant un petit moment et amener le judaïsme, qui engendra le sionisme. Israël devait disparaître en tant qu’entité, et tout arriva de cette manière :
La petite tribu du sud, Juda, se retrouva identifiée à la tribu sans terre, celle des Lévites. Ces prêtres héréditaires, qui prétendaient que leur fonction leur avait été conférée par Jéhovah sur le Mont Sinaï, étaient les vrais pères du judaïsme. Ils erraient parmi les tribus, prêchant que la guerre de l’un était la guerre de tous -et la guerre de Jéhovah. Leur but était le pouvoir et ils luttaient pour une théocratie, un État dans lequel Dieu est le souverain, et la religion est la loi. Durant la période des Juges, ils atteignirent leur but dans une certaine mesure, car ils étaient naturellement les Juges. Ce dont eux-mêmes, ainsi que Juda isolée, avaient le plus besoin était l’union avec Israël. Israël, qui se méfiait de ces prêtres législateurs, ne voulait pas entendre parler d’unification, à moins qu’elle ne se fasse sous l’autorité d’un roi ; tous les peuples environnants avaient des rois.
Les Lévites se saisirent de cette opportunité. Ils virent que si un roi était nommé, la classe dirigeante désignerait le candidat, et ils étaient la classe dirigeante. Samuel, à leur tête, mit en place une monarchie fantoche, derrière laquelle les prêtres exerçaient le véritable pouvoir ; cela fut accompli en stipulant que le roi règnerait seulement pour la vie, ce qui signifiait qu’il ne serait pas capable de fonder une dynastie. Samuel choisit un jeune paysan benjaminite, Saül, qui s’était fait un nom dans les guerres tribales et dont on pensait, sans doute, qu’il avait toutes les chances d’être malléable (le choix d’un benjaminite suggère qu’Israël refusait de songer à tout homme de Juda pour la royauté). Ce fut alors le début du royaume unifié d’Israël ; en vérité, il ne survécut qu’à ce seul règne, celui de Saül.
Dans le destin de Saül (c’est-à-dire dans le compte rendu qui en fut donné dans les Écritures postérieures), on peut discerner la nature sinistre du judaïsme, tel qu’on devait lui donner forme. On lui ordonna de commencer la guerre sainte en attaquant les Amalécites « et de détruire complètement tous leurs biens, et de ne pas les épargner ; mais de massacrer homme et femme, enfant et nourrisson, bœuf et mouton, chameau et âne ». Il détruisit « homme et femme, enfant et nourrisson » mais épargna le roi Agag et les meilleurs des moutons, bœufs, jeunes chevaux et agneaux. Il fut excommunié pour cela par Samuel, qui choisit secrètement un certain David, de Juda, comme successeur de Saül. Par la suite, Saül s’évertua en vain à exercer son zèle à la « destruction totale » afin d’apaiser les Lévites, puis essaya d’attenter à la vie de David afin de sauver son trône. Finalement, il mit fin à ses jours.
Il est possible que rien de tout ceci ne se soit passé ; ceci est le compte rendu donné dans le livre de Samuel, que les Lévites produisirent des siècles plus tard. Que cela soit vrai ou allégorique, l’importance réside dans l’évidente implication : Jéhovah exigeait une obéissance absolue quand il ordonnait la « destruction totale », et la miséricorde ou la pitié étaient des crimes capitaux. Cette leçon est soulignée dans de nombreuses autres descriptions d’événements qui furent peut-être historiques ou peut-être imaginaires.
Ce fut vraiment la fin, il y a trois mille ans, du royaume uni, car Israël refusa d’accepter pour roi David, l’homme de Juda. Le Dr Kastein raconte que « le reste d’Israël l’ignora » et proclama roi le fils de Saül, Ishbosheth, sur quoi la re-division entre Israël et Juda « eut vraiment lieu ». Selon Samuel, Ishbosheth fut tué et sa tête envoyée à David, qui là-dessus restaura une union nominale et fit de Jérusalem sa capitale. Il ne réunifia jamais véritablement le royaume ou les tribus ; il fonda une dynastie qui survécut un règne de plus.
Le judaïsme officiel maintient à ce jour que l’apogée messianique se produira sous un roi mondial de « la maison de David » ; et l’exclusion raciale est le premier principe du judaïsme officiel -et la loi de la terre dans l’État sioniste. Les origines de la dynastie fondée par David sont donc en rapport direct avec ce récit.
La discrimination et la ségrégation raciales étaient clairement inconnues des tribus, en ces temps de l’association entre Israël et Juda, car l’Ancien Testament raconte que David, le Judaïte, du haut de son toit, vit « une très belle femme » en train de se baigner, lui ordonna de venir vers lui et lui fit un enfant, puis fit envoyer son mari, un Hittite, se battre en première ligne, en ordonnant qu’il soit tué. Quand il fut mort, David ajouta la femme -Bethsabée -à ses épouses, et son second fils devint le prochain roi -Salomon (cette histoire de David et Bethsabée telle que relatée dans l’Ancien Testament est sortie en version expurgée dans un film hollywoodien de notre époque).
Ainsi était l’origine raciale de Salomon, le dernier roi de la confédération déchirée, selon les scribes lévitiques. Il commença son règne par trois meurtres, incluant celui de son frère, et chercha vainement à sauver sa dynastie par la méthode des Habsburg -le mariage, bien que sur une plus grande échelle. Il épousa des princesses venues d’Égypte et de nombreuses tribus voisines, et eut des centaines de concubines, si bien qu’en son temps aussi la ségrégation raciale devait être inconnue. Il construisit le Temple et établit une haute caste de prêtres héréditaires.
Ainsi fut l’histoire, terminée en 937 av. J.-C., de la brève association entre Israël et Juda. Quand Salomon mourut, les associés incompatibles se séparèrent finalement, et au nord Israël reprit sa vie indépendante. Le Dr Kastein raconte :
« Les deux États n’avaient pas plus en commun, en bien ou en mal,
que deux pays quelconques ayant une frontière commune.
Occasionnellement, ils se faisaient la guerre ou signaient des traités,
mais ils étaient entièrement séparés. Les Israélites cessèrent de croire
qu’ils avaient une destinée différente de celle de leurs prochains, et le
roi Jéroboam établit la séparation totale d’avec Juda aussi bien
religieusement que politiquement ».
Puis, le Dr Kastein ajoute à propos des Judaïtes :
« ils décidèrent qu’ils étaient destinés à évoluer en tant que race à
part… ils exigeaient un état d’existence fondamentalement différent
de celui des gens autour d’eux. Ces différences n’admettaient aucun
procédé d’assimilation aux autres. Elles exigeaient la séparation, la
différenciation absolue. »
Ainsi, la cause de la rupture et de la séparation devient-elle claire. Israël croyait que sa destinée était celle de la participation à l’humanité, et rejeta Juda sur les bases mêmes qui, de manière récurrente dans les trois mille ans qui suivirent, incitèrent d’autres peuples à se détourner du judaïsme avec inquiétude, ressentiment et rejet. Juda « exigeait la séparation, la différenciation absolue ». (Toutefois, le Dr Kastein, bien qu’il dise « Juda », veut parler des « Lévites ». Comment, à ce stade, les membres de la tribu de Juda auraient-ils même pu exiger « la séparation, la différenciation absolue », alors que Salomon avait eu un millier d’épouses ?)
C’étaient les Lévites, avec leur doctrine raciste, qu’Israël rejetait. Les deux cents ans qui suivirent, durant lesquels Israël et Juda existèrent séparément, et souvent en ennemis mais côte à côte, sont remplis des voix des « prophètes » hébraïques accusant les Lévites et la doctrine qu’ils étaient en train d’élaborer. Ces voix continuent d’interpeller l’humanité depuis les ténèbres tribales qui obscurcissent une grande partie de l’Ancien Testament, car elles éreintaient la doctrine qui était en cours d’élaboration tout comme Jésus l’éreinta sept ou huit cents ans plus tard -alors qu’elle était établie depuis longtemps -au Temple de Jérusalem.
Ces prophètes étaient presque tous des Israélites ; la plupart d’entre eux étaient des Joséphites. Ils étaient en route vers le Dieu unique de tous les peuples et la participation à l’humanité. En cela, ils n’étaient pas les seuls : bientôt, le Bouddha en Inde devait opposer à Bénarès son Sermon et ses Cinq Commandements de Droiture, à la doctrine de Brahma -le créateur de la ségrégation des castes -et à l’adoration des idoles. Ces hommes étaient des Israélites protestant contre les enseignements lévitiques qui seraient plus tard identifiés au nom de Juda. Le terme « prophètes hébraïques » est inadapté, parce qu’ils ne prétendaient pas au pouvoir de la divination, et étaient irrités par cette description (« Je n’étais pas prophète, je n’étais pas non plus fils de prophète », Amos). C’étaient des protestataires de leur époque et ils donnaient un simple avertissement contre les conséquences calculables de la doctrine raciale ; leurs avertissements restent valides aujourd’hui.
Les prétentions des prêtres lévites les conduisirent à ces protestations, en particulier la prétention des prêtres aux premiers-nés (« Ce qui ouvre le sein maternel est à moi », l’Exode), et l’insistance des prêtres sur les rites sacrificiels. Les protestataires israélites (pour qui cette « soit disant loi de Moïse » était inconnue, selon M. Montefiore) ne voyaient aucune vertu dans les bains de sang des prêtres, le sacrifice sans fin d’animaux et les « holocaustes », dont le « parfum suave » était censé plaire à Jéhovah. Ils reprochaient à la doctrine des prêtres le massacre et l’asservissement des « païens ». Dieu, criaient-ils, désirait une conduite morale, un comportement amical et la justice envers les pauvres, l’orphelin, la veuve et l’opprimé -et non les sacrifices sanglants et la haine envers les païens.
Ces protestations amenèrent les premières lueurs de l’aube qui arriva quelque huit cents ans plus tard. Ils se trouvaient en étrange compagnie parmi les injonctions au massacre dont l’Ancien Testament regorge. Ce qui est étrange est que ces protestations aient survécu à la compilation -alors qu’Israël était partie et que les Lévites, suprêmes en Juda, rédigeaient les Écritures.
Le chercheur d’aujourd’hui ne peut expliquer, par exemple, pourquoi le roi David tolère que Nathan le réprimande publiquement pour avoir pris la femme d’Uriah et avoir fait assassiner Uriah. Il est possible que parmi les scribes suivants qui compilèrent le récit historique, bien après le départ d’Israël et des protestataires israélites, il y en eût quelques-uns qui étaient du même esprit, et qui s’arrangèrent pour continuer leurs protestations de cette manière.
Inversement, ces passages bienveillants et éclairés sont souvent suivis par des passages fanatiques -attribués au même homme -qui annulent les passages précédents ou y mettent à la place leur opposé. La seule explication raisonnable est que ce sont des interpolations faites plus tard, pour aligner les hérétiques sur le dogme lévitique.
Quelle que soit l’explication, ces protestations israélites contre l’hérésie de Juda ont un attrait intemporel et constituent le monument à Israël disparue. Elles forcent leur chemin, telles de petites lames de vérité, entre les sombres pierres de la saga tribale. Elles montrent la voie vers la route qui monte et s’élargit, la route de la participation commune à l’humanité -loin de l’abîme tribal.
Élie et Élisée officiaient tous les deux en Israël, et Amos parlait uniquement aux Joséphites. Ce dernier, en particulier, attaqua les sacrifices sanglants et les rites des prêtres : « Je hais, je méprise vos fêtes et je ne prends aucun plaisir à vos assemblées solennelles. En vérité, même si vous me présentez des holocaustes et des offrandes, je ne les accepte pas ; Et les veaux engraissés que vous sacrifiez en actions de grâces, je ne les regarde pas. Éloignez de moi le bruit de vos chants » (les liturgies psalmodiées des Lévites) « et épargnez-moi le son de vos luths. Mais que la justice soit comme un courant d’eau, et la droiture comme un torrent puissant ». Puis vient le reproche éternel envers la doctrine du « peuple particulier » : « N’êtes-vous pas pour moi comme les enfants des Éthiopiens, Ô enfants d’Israël ? dit l’Éternel ».
Osée, un autre Israélite, dit : « Je désirais la miséricorde et pas le sacrifice, et la connaissance de Dieu plus que les holocaustes ». Osée exhorte à la pratique de « la justice et de la droiture », de « la charité, de la compassion et de la loyauté », et non de la discrimination et du mépris.
Du temps de Michée, les Lévites exigeaient apparemment toujours le sacrifice de tous les premiers-nés à Jéhovah :
« Avec quoi me présenterai-je devant l’Éternel, et me prosternerai-je devant le Dieu très haut ? Me présenterai-je devant lui avec des holocaustes, avec des veaux d’un an ? L’Éternel agréera-t-il de milliers de béliers ou de dix mille fleuves d’huile ? Donnerai-je pour mes transgressions mon premier-né, pour le péché de mon âme le fruit de mes entrailles ? On t’a fait connaître, Ô homme, ce qui est bien et ce que l’Éternel demande de toi : seulement que tu pratiques la justice, que tu aimes la miséricorde, et que tu marches humblement avec ton Dieu ».
Ces hommes luttèrent pour l’âme des membres des tribus pendant les deux siècles où Israël et Juda co-existèrent -quelquefois à couteaux tirés. Pendant cette période, les Lévites, disséminés auparavant parmi les douze tribus, furent amenés de plus en plus à se rassembler au sein de la minuscule Juda et à Jérusalem, et à concentrer leurs énergies sur les Judaïtes.
Puis, en 721 av. J.-C., Israël fut attaquée et conquise par l’Assyrie et les Israélites furent emmenés en captivité. Juda fut épargnée sur le moment, et pendant encore un siècle demeura un vassal insignifiant, de l’Assyrie d’abord et ensuite de l’Égypte, ainsi que le bastion de la secte lévitique.
À ce moment, les « enfants d’Israël » disparaissent de l’histoire, et si les promesses qui leur ont été faites doivent être acquittées, cette rédemption devra de toute évidence se faire depuis les rangs de l’humanité, à laquelle ils se mirent à participer et à laquelle ils se mélangèrent. Étant donné que l’ouest fut la destination prédominante dans les mouvements de populations durant les derniers deux mille sept cents ans, il est probable que beaucoup de leur sang coule dans les veines des peuples européens et américains.
La prétention judaïste, d’autre part, fut qu’Israël était totalement et à juste titre « perdue », parce qu’elle rejetait la doctrine lévitique et choisit le « rapprochement avec les peuples voisins ». Le Dr Kastein, dont voici les paroles, se réjouissait ardemment -presque vingt-sept siècles plus tard -de leur chute, pour cette raison précise :
« Les dix tribus du Nord, avec leur développement à part, s’étaient
tellement éloignées de leur famille du Sud que la chronique de leur
chute prend la forme d’une brève et simple déclaration factuelle
dénuée de toute expression de chagrin. Aucun poème épique, aucun
hymne funèbre, aucune condoléance ne marquèrent l’heure de leur
chute ».
Celui qui étudie la controverse de Sion doit chercher laborieusement avant de commencer à dévoiler ses mystères, mais très vite il découvre qu’en toutes choses, elle parle en deux langues : une pour « les païens », et une pour les initiés.
Les Lévites de cet ancien temps ne croyaient pas, de même que les sionistes d’aujourd’hui, que les Israélites « avaient disparu sans laisser de trace » (pour reprendre les termes du Dr Kastein). On les déclara « morts », de la même manière qu’aujourd’hui un juif se mariant hors de la communauté est déclaré mort (comme par exemple le Dr John Goldstein) ; ils furent excommuniés, et seulement dans ce sens ils « disparurent ».
Les peuples ne disparaissent pas comme ça ; les Indiens d’Amérique du Nord, les Blackfellows d’Australie, les Maoris de Nouvelle-Zélande, les Bantous d’Afrique du Sud et d’autres en sont la preuve. D’ailleurs, les Israélites n’auraient pas pu être « emmenés prisonniers » s’ils avaient été exterminés physiquement. Leur sang et leur pensée survivent dans l’humanité, quelque part, aujourd’hui.
Israël resta séparée de Juda de sa propre volonté et pour les raisons mêmes qui depuis ont suscité la méfiance et l’appréhension de la part des autres peuples. Les Israélites « n’étaient pas des juifs » ; les Judaïtes étaient « en toute probabilité non-israélites ».
On trouve la véritable signification de l’assertion qu’Israël « disparut » dans le Talmud -plus récent -qui affirme : « Les dix tribus n’ont pas de rôle à jouer dans le monde à venir ». Donc, « les enfants d’Israël » sont bannis du paradis par la secte dirigeante de Juda parce qu’ils refusèrent de s’exclure de l’humanité terrestre.
En 1918, le Grand rabbin de l’Empire britannique -le très révérend J.H. Herz, en réponse à une question sur ce point répondit explicitement :
« Le peuple connu présentement en tant que Juifs est le descendant
des tribus de Juda et de Benjamin, avec un certain nombre de
descendants de la tribu de Lévi ».
Cette déclaration fait bien comprendre qu’« Israël » n’eut aucun rôle dans ce qui devint plus tard le judaïsme (aucune autorité, judaïste ou autre, ne soutiendrait la prétention de descendre de Juda par le sang, pour les juifs d’aujourd’hui, mais cela importe peu).
Par conséquent, l’utilisation du nom « Israël » par l’État sioniste créé en Palestine durant ce siècle est de la nature de la falsification. Une raison sérieuse doit avoir imposé l’utilisation du nom d’un peuple qui n’était pas juif et qui n’acceptait aucune doctrine émanant de ce qui est devenu depuis le judaïsme. Une théorie défendable vient à l’esprit. L’État sioniste a été mis en place avec l’accord tacite des grandes nations de l’Occident -qui est aussi le territoire de la chrétienté. Le calcul fut peut-être que ces peuples seraient soulagés dans leurs consciences si on pouvait les amener à croire qu’ils accomplissaient la prophétie biblique et la promesse de Dieu à « Israël », quel que soit le coût de la « destruction » de peuples innocents.
Si telle était la motivation pour l’usage abusif du nom « Israël », l’expédient a sans doute, pour l’heure, été couronné de succès ; la multitude a été plus que facilement « convaincue » ? Cependant, la vérité finira par sortir, comme les protestations survivantes des prophètes israélites le montrent.
Si l’État sioniste de 1948 pouvait prétendre à quel que nom que ce soit tiré de la haute Antiquité, cela ne pourrait être que celui de « Juda », comme ce chapitre vient de le montrer. 


Préface    01, 02, 03, 04, 05, 06, 07, 08, 09, 10, 11, 12

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