samedi 13 novembre 2010

La Controverse de Sion - par DOUGLAS REED (chap. 05)

Chapitre 5


LA CHUTE DE BABYLONE

Avant que les autres peuples n’aient pu ressentir ce premier impact de « la Loi mosaïque », l’événement de 536 av. J.-C. eut lieu, qui établit le schéma pour le XXe siècle ap. J.-C. : la chute de Babylone.
La ressemblance entre le schéma des événements actuels (c’est-à¬dire la forme prise par l’issue des deux Guerres mondiales) et celui de la chute de Babylone est trop grande pour être accidentelle, et peut en fait maintenant se révéler comme ayant été délibérément créée. Les peuples occidentaux de notre siècle, encore eût-il fallut qu’ils s’en rendent compte, furent gouvernés sous « la Loi judaïque », pas sous une quelconque loi qui leur fût propre, mais par les puissances qui contrôlaient les gouvernements.
Le groupement des personnages et le dénouement final sont similaires dans les trois cas. Sur un côté de la scène, se trouve le potentat étranger qui a opprimé et outragé les Judaïtes (ou aujourd’hui, les juifs). À Babylone, c’était le « Roi Balthazar » ; dans la Première Guerre mondiale, c’était le tsar russe ; dans la Seconde, c’était Hitler. En face de ce « persécuteur », on trouve l’autre potentat étranger, le libérateur. À Babylone, c’était le roi Cyrus de Perse ; dans le deuxième cas, c’était un certain M. Balfour ; dans le troisième, c’était un certain président Truman.
Entre ces adversaires, se tient le prophète jéhovien triomphant, le grand homme à la cour du dirigeant étranger, qui prédit, et survit au désastre qui est sur le point d’arriver au « persécuteur ». À Babylone, c’était Daniel. Dans les Première et Seconde Guerres mondiales de notre siècle, c’était un certain Dr Chaim Weizmann, le prophète sioniste des cours étrangères.
Voilà pour les personnages. Ensuite, vient le dénouement, une vengeance jéhovienne sur « les païens » et un triomphe juif sous forme de « restauration » symbolique. Le « roi Balthazar », après que Daniel lui eut prédit sa ruine, est tué « la même nuit » et son royaume tombe aux mains de l’ennemi. Les ravisseurs juifs qui assassinèrent le tsar russe et sa famille, à la fin de la Première Guerre du XXe siècle, citèrent ce précédent dans un distique « écrit sur le mur » de la chambre où le massacre eut lieu ; les dirigeants nazis, à la fin de la Seconde Guerre du XXe siècle, furent pendus le Jour juif du Grand pardon.
Ainsi, les deux Guerres mondiales de ce siècle se conformèrent-elles dans leurs issues au schéma de la guerre babylo-perse de l’Antiquité telle que dépeinte dans l’Ancien Testament.
Peut-être que les peuples qui firent cette guerre antique pensaient que quelque chose de plus que la cause des Judaïtes était en jeu, et qu’ils luttèrent pour quelque but ou intérêt propres. Mais dans le récit qui a traversé les siècles, tout le reste a été supprimé. Les seules conséquences significatives, dans l’image qui fut gravée dans l’esprit des peuples, sont la vengeance jéhovienne et le triomphe judaïte, et les deux guerres mondiales de ce siècle suivirent le même modèle.
Le roi Balthazar survit seulement en tant que « persécuteur » étranger symbolique des Judaïtes (même si c’est Jéhovah qui les a fait ses prisonniers en guise de punition, il est néanmoins leur « persécuteur », et par conséquent doit être détruit cruellement). Le roi Cyrus, de la même manière, n’est que l’instrument d’accomplissement de la promesse de Jéhovah d’infliger « toutes ces malédictions » à « tes ennemis » une fois qu’ils auront accompli leur rôle de ravisseurs (il n’a donc aucun mérite propre, en tant que conquérant ou en tant que libérateur ; il n’est pas vraiment mieux que le roi Balthazar, et sa maison sera à son tour détruite).
Le roi Cyrus, d’après ce que nous raconte la véritable histoire, semble avoir été un homme éclairé, ainsi que le fondateur d’un empire qui s’étendit sur toute l’Asie occidentale. D’après les encyclopédies, « il laissa les nations qu’il avait soumises libres d’observer leurs religions et de maintenir leurs institutions ». Ainsi, les Judaïtes purent-ils profiter d’une politique qu’il appliqua impartialement pour tous, et peut-être le roi Cyrus, s’il pouvait revenir sur terre aujourd’hui, serait-il surpris de découvrir que son portrait historique est celui d’un homme dont le seul exploit notable et durable fut de rendre quelques milliers de Judaïtes à Jérusalem.
Toutefois, si par hasard il considérait cette question particulière comme étant d’importance cruciale parmi ses actions (tels que les politiciens du XXe siècle le pensent manifestement), il serait très satisfait à son retour sur terre aujourd’hui, car il découvrirait que par cet acte, il exerça probablement une influence plus grande sur les événements humains dans les 2500 ans qui suivirent, que n’importe quel dirigeant temporel de n’importe quel siècle. Aucun autre fait de l’Antiquité n’a eu de conséquences actuelles aussi grandes ou aussi évidentes à retracer.
Au XXe siècle ap. J.-C., deux générations de politiciens occidentaux en quête de soutien juif rivalisèrent entre elles pour jouer le rôle du roi Cyrus. Le résultat fut que les deux Guerres mondiales produisirent seulement deux résultats durables et significatifs : la vengeance jéhovienne envers le « persécuteur » symbolique et le triomphe juif sous forme de nouvelle « restauration ». Ainsi, la légende symbolique de ce qui se passa à Babylone avait au XXe siècle acquis la puissance de la « Loi » suprême -outrepassant toutes les autres lois ¬et celle de la vérité et de l’Histoire.
La légende elle-même semble avoir été au deux tiers fausse, ou ce que l’on appellerait aujourd’hui de la propagande. Le roi Balthazar lui-même fut apparemment inventé par les Lévites. Le livre historique qui rapporte la chute de Babylone fut compilé plusieurs siècles plus tard et attribué à un certain « Daniel ». Le livre déclare que ce dernier était un captif judaïte à Babylone, qui s’y éleva à la place la plus haute à la cour et « se tint à la porte du roi » (Nabuchodonosor) par sa faculté à interpréter les rêves. La tâche lui fut dévolue d’interpréter « l’écriture sur le mur » (Daniel,5).
Le roi « Balthazar, fils de Nabuchodonosor » est ensuite décrit comme faisant un affront aux Judaïtes en utilisant « les vases d’or et d’argent » rapportés par son père du temple de Jérusalem, pour un banquet avec ses princes, épouses et concubines. Suite à cela, les doigts d’une main d’homme écrivent sur le mur les mots « Mene, Mene, Tekel, Upharsin ». Daniel, appelé pour en faire l’interprétation, dit au roi qu’ils signifient : « Dieu a compté ton royaume, et y a mis fin ; tu es pesé dans la balance et tu es insuffisant ; ton royaume sera divisé et donné aux Mèdes et aux Perses ». De là, le roi Balthazar est assassiné « la même nuit », et le conquérant perse arrive, qui doit « restaurer » les Judaïtes.
Ainsi, la fin d’un roi et d’un royaume est en rapport direct avec un affront commis envers Juda et prend l’apparence d’un châtiment jéhovien et d’une vengeance juive. Qu’importe si Daniel et le roi Balthazar n’ont jamais existé : par son inclusion dans les écritures lévitiques, cette anecdote gagna le statut de précédent judiciaire ! Quand le meurtre du tsar Russe, de sa femme, de ses filles et de son fils en 1918 fut directement mis en rapport avec cette légende à cause de mots qui en étaient tirés, gribouillés sur un mur éclaboussé de sang, ce fut en même temps un aveu de la paternité de l’acte, et une citation de l’autorité légale pour cet acte.
Quand une légende ancienne peut produire de tels effets, vingt-cinq siècles plus tard, il n’y a guère d’avantage à démontrer sa fausseté, car les politiciens tout comme les masses qu’ils manipulent aiment leurs légendes plus que la vérité. Toutefois, des trois protagonistes de cette version de la chute de Babylone, seul le roi Cyrus exista certainement ; le roi Balthazar et Daniel semblent être des personnages issus de l’imagination lévitique !
L’Encyclopaedia Juive, qui fait remarquer que le roi Nabuchodonosor n’eut aucun fils du nom de Balthazar et qu’aucun roi du nom de Balthazar ne régnait à Babylone quand le roi Cyrus la conquit, déclare impartialement que « l’auteur de Daniel n’avait simplement pas les données correctes sous la main », et donc elle ne croit pas que Daniel ait écrit Daniel. De toute évidence, si un favori judaïte important à la cour, et nommé Daniel, avait écrit ce livre, il aurait au moins su le nom du roi dont il prédit la fin, et aurait donc eu « les données correctes ».
Manifestement, le livre de Daniel, comme les livres de la Loi attribués à Moïse, était le produit des scribes lévitiques, qui par lui continuèrent patiemment à rendre l’Histoire conforme à leur Loi, qui était déjà établie. Si un roi Balthazar a pu être inventé dans un but d’illustration et de précédent, alors un prophète Daniel aussi. Ce Daniel apparemment mythique est le prophète le plus populaire d’entre tous chez les sionistes fervents d’aujourd’hui, qui se réjouissent de l’anecdote de la vengeance et du triomphe judaïtes prédits sur le mur, et voient en elle le précédent judiciaire pour tous les temps à venir. L’histoire du siècle présent a fait plus qu’aucune autre histoire des siècles précédents pour les renforcer dans cette croyance, et pour eux Daniel, avec son « interprétation » accomplie « la même nuit », donne la réponse concluante et accablante aux anciens prophètes israélites qui avaient eu la vision d’un Dieu aimant de tous les hommes. La chute de Babylone (telle que dépeinte par les Lévites) donnait la preuve concrète de la vérité et de la puissance de la Loi « mosaïque ».
Cependant, cela n’aurait rien donné sans le roi Cyrus, qui fut le seul parmi les trois protagonistes à vraiment exister et à vraiment autoriser -ou contraindre -quelques milliers de Judaïtes à retourner à Jérusalem. À ce moment de l’histoire, la théorie politique des Lévites, dont le but était l’exercice du pouvoir par l’acquisition de la domination sur les souverains étrangers, fut appliquée concrètement pour la première fois et avec succès.
Le roi perse fut le premier d’une longue succession d’oracles gentils manipulés par la secte dirigeante, qui à travers lui démontra qu’elle avait trouvé le secret pour d’abord infester, puis diriger les actions des gouvernements étrangers.
Arrivée à notre siècle, cette domination des gouvernements avait atteint un tel degré de pouvoir que ces derniers étaient tous, dans une large mesure, soumis à un contrôle suprême, pour que leurs actions, à la fin, servent toujours l’ambition de ce parti suprême. Vers la fin de ce livre, le lecteur verra comment les oracles gentils furent manipulés afin que les antagonismes des peuples soient déclenchés et amenés à entrer en collision pour ce but supranational.
Toutefois, le lecteur devra regarder au fond de sa propre âme pour découvrir, s’il le peut, la raison pour laquelle ces oracles, ses propres dirigeants, se soumirent.
Le roi Cyrus était le premier d’entre eux. Sans son soutien, la secte n’aurait pas pu se réinstaller à Jérusalem et convaincre les masses judaïtes incrédules -qui observaient depuis toutes les régions du monde connu -que la Loi raciale était puissante et serait accomplie de manière littérale. La succession de causes et d’effets s’est déversée directement et clairement depuis la chute de Babylone jusqu’aux grands événements de ce siècle ; l’Occident d’aujourd’hui doit ses déboires successifs et son déclin encore plus au roi Cyrus, le premier des pantins gentils, qu’aux ingénieux et furtifs prêtres eux-mêmes.
« Le judaïsme a pris naissance par le roi perse et par l’autorité de son Empire, ainsi les conséquences de l’Empire des Achéménides se répercutent avec beaucoup de force, pratiquement comme à nulle autre pareille, directement sur notre époque », déclare le professeur Eduard Meyer, et la conclusion de cette autorité en la matière est manifestement vraie. Cinq cents ans avant même la naissance de l’Occident, les Lévites mirent en place la Loi, et ensuite par le roi Cyrus, établirent le précédent et le schéma pour l’effondrement de l’Occident lui-même.
Les cinq livres de la Loi n’étaient toujours pas achevés quand le roi Cyrus entra dans Babylone et la conquit. La secte de Babylone était encore en train d’y travailler, ainsi qu’à la version corroborante de l’histoire qui, par des exemples tels que celui du « roi Balthazar », devait rendre crédible l’incroyable et fournir le précédent à des actes barbares commis vingt-cinq siècles plus tard. La population des Judaïtes ne savait encore rien de la Loi d’intolérance raciale qui était en train de leur être préparée, même si l’intolérance religieuse leur était devenue familière à cette époque.
La secte devait encore achever la Loi, et ensuite l’appliquer à son propre peuple. Quand cela arriva en 458 av. J.-C., sous un autre roi perse, la controverse de Sion prit finalement la forme sous laquelle elle continue encore de défier implacablement son propre peuple et le reste de l’humanité. Le cordon ombilical entre les Judaïtes et les autres hommes fut alors finalement rompu.
Ces gens isolés, devant lesquels les prêtres brandirent tel un étendard leur version de la chute de Babylone, furent alors mis en route vers un avenir qui les affronterait comme une force compacte au sein des autres peuples, à la perte desquels leur Loi les avait voués. 



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