samedi 13 novembre 2010

La Controverse de Sion - par DOUGLAS REED (chap. 07)

Chapitre 7

LA TRADUCTION DE LA LOI

L’événement le plus important (tel qu’il se révéla être) des quatre cents ans qui suivirent fut la première traduction des écritures judaïques -qui seraient connues plus tard comme l’Ancien Testament -dans une langue étrangère, le grec. Cela permit, et permet encore, « aux païens » de connaître partiellement la Loi qui décrétait leurs propres asservissement et destruction et la suprématie de Juda. N’eût été cette traduction, la nature du judaïsme littéral serait sûrement restée sujette à conjecture, alors que la traduction la rendit évidente et probante.
Pour cette raison, il est à première vue surprenant que la traduction fût jamais réalisée (d’après la tradition, par soixante-douze érudits juifs, à Alexandrie, entre 275 et 150 av. J.-C.). Le Dr Kastein explique qu’elle fut entreprise « avec un but précis en vue, celui de la rendre compréhensible aux Grecs ; cela mena à la déformation et à la distorsion de mots, aux modifications de sens, et au fréquent remplacement d’idées et de termes purement locaux et nationaux par d’autres plus généraux ».
Si l’intention du Dr Kastein était de dissimuler ce qui se passa, les mots employés dans cet exemple ont été choisis négligemment : un sujet n’est pas rendu « compréhensible » aux autres en le déformant et en le distordant, en en changeant le sens, et en remplaçant des termes précis par des termes ambigus. Qui plus est, un érudit judaïque aussi savant que lui devait savoir ce que l’Encyclopaedia Juive rapporte, qui est que le Talmud postérieur « interdisait même l’enseignement de la Torah à un gentil, quiconque l’enseignant “méritant la mort” ». En fait, le Talmud voyait un tel danger dans l’acquisition par les païens de la connaissance de la Loi, qu’il mit en place la Torah orale en tant que dernier dépositaire des secrets de Jéhovah, à l’abri de tout œil gentil.
Si à l’époque les écritures judaïques furent traduites en grec, ce n’était pas dans l’intérêt des Grecs (le Dr Kastein écrivait pour un public en majorité gentil). La raison, très certainement, était que les juifs eux-mêmes avaient besoin de la traduction. Les Judaïtes avaient perdu leur langue hébraïque à Babylone (par la suite, elle devint un mystère sacerdotal, « un des liens spirituels secrets grâce auquel les judaïstes de la Diaspora sont restés unis », selon le Dr Kastein), et parlaient l’araméen. Or, le plus grand groupe homogène de juifs se trouvait à Alexandrie, où le grec devint leur langue quotidienne ; nombre d’entre eux ne comprenaient plus l’hébreu et une version grecque de leur Loi était nécessaire en tant que base pour les interprétations rabbiniques de cette dernière.
Surtout, les anciens ne pouvaient pas prévoir que des siècles plus tard, s’élèverait une nouvelle religion dans le monde, qui reprendrait leurs écritures comme faisant partie de sa propre Bible, et porterait ainsi « la Loi mosaïque » au regard de toute l’humanité. Si cela avait été anticipé, la traduction grecque aurait bien pu ne jamais être réalisée.
Néanmoins, les prêtres rappelèrent manifestement aux traducteurs que leur travail soumettrait « la Loi » pour la première fois au regard scrutateur des gentils ; d’où les distorsions, déformations, modifications et remplacements mentionnés par le Dr Kastein. Un exemple de cela est apparemment donné par le Deutéronome 32:21 ; la traduction qui a été transmise aux païens fait vaguement allusion à « une nation insensée », alors que dans l’original hébreu, d’après l’Encyclopaedia Juive, il est fait référence aux « infâmes et vicieux gentils ».
Qu’est-ce qui fut traduit ? D’abord, les cinq livres de la Loi -la Torah. Après que la « Nouvelle Alliance » eut été imposée par la force sur les Jérusalémites par Esdras et Néhémie, les prêtres à Babylone avaient encore apporté une autre révision : « Une fois encore, des éditeurs anonymes prêtèrent à leur histoire passée, leurs traditions, lois et coutumes, une signification totalement conforme à la théocratie et applicable à ce système de gouvernement… La forme que la Torah reçut alors était la forme finale et concluante qui ne devait pas être altérée d’un iota ; pas une seule pensée, un seul mot ou une seule lettre ne devait en être changé. »
Quand, à maintes reprises, des hommes mortels « prêtent un sens » à quelque chose qui est déjà censé être immuable, et font entrer de force toute la tradition spirituelle dans le cadre de leur ambition politique mondiale, ce qui reste ne peut être une révélation originelle de Dieu. Ce qui s’était passé était que la tradition ancienne israélite avait été supprimée et annulée, et à sa place la loi raciale judaïque avait adopté une « forme finale et concluante ».
La même méthode fut suivie pour la compilation des autres livres, historiques, prophétiques ou lyriques. Le livre de Daniel, par exemple, fut achevé à peu près à ce moment-là, c’est-à-dire environ quatre cents ans après les événements qui y sont rapportés ; pas étonnant que l’auteur anonyme se soit trompé sur tous les faits historiques. Le Dr Kastein est franc sur la manière dont ces livres furent produits :
« Les éditeurs qui donnèrent la forme finale aux livres de Josué, des
Juges, de Samuel et des Rois rassemblèrent chaque fragment » (des
anciens enseignements et traditions) et « les interprétèrent de manière
créative… Il était impossible, une fois pour toutes, d’attribuer des paroles spécifiques à des personnes spécifiques, car elles avaient
travaillé de manière anonyme tellement souvent, et, comme les
éditeurs, étaient plus concernées par le sujet que par l’exactitude
philologique, qu’elles se contentèrent d’enchaîner les dires des
prophètes du mieux qu’elles le purent. » (Cette méthode pourrait
expliquer l’attribution de la même prophétie « messianique » à deux
prophètes, Isaïe 2, 42-4, et Michée 4, 1-4, et les nombreuses
répétitions qu’on trouve dans les autres livres).
Le sujet, alors, était ce qui importait, et non la vérité historique ou « l’exactitude philologique », ou la parole de Dieu. Le sujet était le nationalisme politique dans la forme la plus extrémiste que l’homme ait jamais connue, et la conformité à ce dogme était la seule règle qui devait être observée. La manière dont ces livres furent compilés, après qu’Israël se fut affranchie de Juda, et les raisons de cela, sont évidentes pour quiconque étudie leur origine.
Ce qui en sortit, le développement sur cinq ou six cents ans et le travail de générations de prêtres politiques, fut le livre traduit en grec aux alentours de 150 av. J.-C. Après la période où vécut Jésus, ce livre et le Nouveau Testament furent traduits en latin par saint Jérôme, quand tous les deux « en vinrent à être considérés par l’Église comme étant d’égale autorité divine et comme faisant partie d’un seul Livre . » (d’après une encyclopédie moderne typique) ; une affirmation philosophique qui fut officiellement confirmée par le Concile de Trente au XVIe siècle de notre ère et adoptée par presque toutes les églises protestantes, bien que sur ce sujet elles auraient pu trouver des raisons valides de protester.
Au vu des changements apportés dans la traduction (voir les dires du Dr Kastein cités plus haut), nul hormis des érudits judaïstes ne pourrait aujourd’hui dire dans quelle mesure l’Ancien Testament dans l’original hébeu-araméen se rapproche de la version transmise, à partir de la première traduction en grec, comme l’une des deux parties de la Bible de la chrétienté. Des modifications nettement considérables furent apportées, et outre cela, il y a la « Torah orale » et la continuation talmudique de la Torah, si bien que le monde gentil n’a jamais connu toute la vérité de la Loi judaïque.
Néanmoins, toute son essence se trouve dans l’Ancien Testament tel qu’il a été transmis à la chrétienté, et cela est une chose surprenante. Quoi qu’on ait pu supprimer ou modifier, la divinité tribale et vengeresse, la doctrine sauvage et la loi de la destruction et de l’asservissement restent évidentes pour tous, suffisamment pour être sujet à réflexion. Le fait est qu’aucun montant de déformation, de distorsion, de modification ou autre subterfuge ne put dissimuler la nature de la Loi judaïque, une fois traduite ; même si du vernis y fut déposé, l’écriture en dessous reste claire, et ceci est la meilleure preuve que, quand la première traduction fut autorisée, le public universel qu’elle atteindrait finalement n’était pas prévu.
Avec cette traduction, l’Ancien Testament, tel que nous l’appelons et le connaissons maintenant, pénétra en Occident, son enseignement de haine raciale et de destruction quelque peu mitigé par les corrections. C’était avant que l’histoire de l’Occident n’ait même véritablement débuté.
Quand l’âge de l’Occident (et du christianisme) atteignit dix-neuf siècles et demi, ses dirigeants politiques, craignant fortement la secte centrale du judaïsme, avaient déjà commencé à parler de l’Ancien Testament de manière craintive et pieuse, comme s’il était la meilleure moitié du Livre selon lequel ils professaient de vivre. Néanmoins, ce Livre était, comme il l’avait toujours été, la Loi de la destruction et de l’asservissement de leurs propres peuples, et tous leurs actes, sous la servitude qu’ils acceptaient, menaient vers ce but. 


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