samedi 13 novembre 2010

La Controverse de Sion - par DOUGLAS REED (chap. 03)

Chapitre 3


LES LEVITES ET LA LOI



Durant les cent ans qui suivirent la conquête assyrienne d’Israël, les Lévites de Juda commencèrent à compiler la Loi écrite. En 621 av. J.-C., ils produisirent le Deutéronome et le lurent au peuple au Temple de Jérusalem.

Ce fut la naissance de la « loi mosaïque », que Moïse -s’il a jamais vécu -ne connut jamais. On l’appelle la loi mosaïque parce qu’elle lui est attribuée, mais les autorités s’accordent sur le fait qu’elle était le produit des Lévites, qui à l’époque et par la suite, firent sans cesse dire à Moïse (et donc, à Jéhovah) ce qui les arrangeait. La description correcte serait « la loi lévitique » ou « la loi judaïque ».

Le Deutéronome est au judaïsme et au sionisme officiels ce que le Manifeste communiste fut à la révolution destructrice de notre siècle. Il est le fondement de la Torah (« la Loi ») contenue dans le Pentateuque, qui lui-même forme la matière première du Talmud, qui donna naissance aux « commentaires » et aux commentaires-des­commentaires qui ensemble constituent la « loi » judaïque.

Par conséquent, le Deutéronome est aussi la base du programme politique de domination mondiale sur les nations spoliées et asservies, programme qui fut largement réalisé en Occident durant ce XXe siècle. Le Deutéronome est en rapport direct avec les événements actuels, et beaucoup de la confusion qui entoure ces événements se dissipe si on les étudie à sa lumière.

Le Deutéronome fut lu, en 621 av. J.-C., à un si petit auditoire, dans un si petit endroit, que ses conséquences énormes pour le monde entier, durant les siècles qui suivirent jusqu’à notre époque, sont par contraste des plus frappantes.

Avant que le Deutéronome ne soit compilé, seule la « tradition orale » des paroles de Dieu à Moïse existait. Les Lévites prétendaient être les gardiens consacrés de cette tradition et les tribus devaient les croire sur parole (leur prétentions à cet égard provoquaient particulièrement la colère des « prophètes » israélites). Si quoi que ce soit avait été rédigé avant qu’on ait lu le Deutéronome, de tels manuscrits étaient fragmentaires et sous la garde des prêtres, et aussi peu connus des membres des tribus que les poètes grecs ne le sont des paysans des collines du Kentucky aujourd’hui.

Que le Deutéronome fût différent de tout ce qu’on avait connu ou compris auparavant est implicite de par son nom, qui signifie « seconde Loi ». En fait, le Deutéronome était du judaïsme lévitique, révélé pour la première fois ; les Israélites (tel qu’on l’a déjà montré) « n’étaient pas des juifs » et n’avaient jamais connu cette « Loi ».

De manière significative, le Deutéronome qui apparaît en tant que cinquième livre de la Bible actuelle, avec l’air d’être naturellement issu des livres précédents, fut le premier livre à être terminé en entier. Même si la Genèse et l’Exode fournissent un contexte historique et l’accentuent, ils furent rédigés plus tard par les Lévites, et le Lévitique et les Nombres, les autres livres de la Torah, furent compilés encore plus tard.

Le Deutéronome prenait le contre-pied de la tradition ancienne, si celle-ci était en accord avec les commandements moraux. Toutefois, les Lévites étaient dans leur droit auto-accordé de faire tous les changements qu’ils souhaitaient, car ils déclaraient qu’ils pouvaient, par autorisation divine, modifier la Loi telle que révélée oralement par Dieu à Moïse, afin de répondre aux « conditions d’existence en perpétuelle évolution, dans l’esprit de l’enseignement traditionnel » (le Dr Kastein).

À cet égard, ils prétendaient aussi que Moïse avait reçu au Mont Sinaï une Torah orale secrète, qui ne devait jamais être consignée par écrit. Au vu de l’inclusion postérieure de l’Ancien Testament en un seul volume avec le Nouveau Testament chrétien, et la supposition du gentil [non-juif, païen -NdT] moyen qu’il a donc devant lui la « loi mosaïque » dans son intégralité, ce qualificatif est définitivement intéressant.

Le Talmud, tel que cité par le Dr Funk, dit : « Dieu a prévu qu’un jour viendrait où les païens s’empareraient de la Torah et diraient à Israël, “Nous aussi sommes fils de Dieu”. Alors l’Éternel dira : “Seul celui qui connaît mes secrets est mon fils”. Et quels sont les secrets de Dieu ? Les enseignements oraux ».

On dit aux quelques personnes qui entendirent le Deutéronome tel que lu en 621 av. J.-C., et qui ensuite apprirent les premiers ce que serait « la loi mosaïque », que les manuscrits avaient été « découverts ». Les autorités judaïstes actuelles rejettent cela et s’accordent sur le fait que le Deutéronome fut l’œuvre indépendante des Lévites dans la Juda isolée après le rejet de Juda par les Israélites et la conquête d’Israël. Le Dr Kastein explique l’affaire ainsi :

« En 621 av. J.-C., un manuscrit recouvert par la poussière des

siècles fut découvert parmi les archives. Il contenait une étrange

version des lois qui avaient été codifiées jusqu’alors, une sorte de

répétition et de variation de ces lois, donnant une foule d’instructions

concernant le devoir de l’homme envers Dieu et envers son prochain.

Il était rédigé sous la forme de discours censés avoir été délivrés à

Moïse juste avant sa mort de l’autre côté du Jourdain. Qui en était

l’auteur, cela est impossible à dire ».

Ainsi, le Dr Kastein, un zélote en attente de l’accomplissement littéral de « la loi mosaïque » dans chaque détail, ne croit pas que son auteur fût Jéhovah ou Moïse. Cela lui suffit qu’elle fût produite par les prêtres législateurs, qui pour lui sont l’autorité divine.

Nul aujourd’hui ne peut dire jusqu’à quel point le Deutéronome tel que nous le connaissons ressemble au Deutéronome tel qu’il fut lu en 621 av. J.-C., car les livres de l’Ancien Testament furent sans cesse modifiés jusqu’à l’époque de la première traduction, où d’autres modifications diverses furent faites, sans doute pour éviter une agitation excessive parmi les gentils. Nul doute que quelque chose fut supprimé alors, si bien que le Deutéronome dans sa forme originelle devait être vraiment violent, car ce qui demeure est déjà bien assez brutal.

L’intolérance religieuse est la base de cette « seconde Loi » (l’intolérance raciale allait suivre plus tard, dans une autre « nouvelle Loi »), et le meurtre au nom de la religion est son principe caractéristique. Cela nécessite la destruction des Commandements moraux, qui sont en fait mis en place pour mieux être démolis. Seulement ceux se rapportant à la vénération exclusive du Jéhovah « jaloux » sont laissés intacts. Les autres sont enterrés sous un grand monticule de « lois et jugements » (règlements institués pour ainsi dire sous une Loi dirigeante) qui les annulent de fait.

Ainsi, les commandements moraux contre le meurtre, le vol, l’adultère, la convoitise, la haine du prochain et autres du même genre, sont-ils viciés par une multitude de « lois » enjoignant expressément à massacrer les autres peuples, assassiner les apostats individuellement ou communautairement, prendre des concubines parmi les femmes captives, « détruire totalement » en ne laissant « rien en vie », « exclure l’étranger » de la remise de dettes, et autres exemples du même acabit.

Quand on arrive à la fin du Deutéronome, les commandements moraux ont été invalidés de cette manière, dans le but d’installer, sous l’apparence d’une religion, l’idée politique grandiloquente d’un peuple envoyé spécialement dans le monde pour détruire et « posséder » les autres peuples et pour dominer la Terre. L’idée de destruction est essentielle au Deutéronome. Si elle est enlevée, nul Deutéronome, ou loi mosaïque, ne subsiste.

Ce concept de destruction en tant qu’article de foi est unique, et son apparition en pensée politique (par exemple, dans la philosophie communiste) pourrait à l’origine provenir de l’enseignement du Deutéronome, car il n’y a pas d’autre source vérifiable.

Le Deutéronome est avant tout un programme politique complet : l’histoire de la planète, créée par Jéhovah pour ce « peuple spécial », doit se terminer par le triomphe de ce peuple et la ruine de tous les autres. Les récompenses offertes aux fidèles sont exclusivement matérielles : massacres, esclaves, femmes, butins, terres, empires. La seule condition imposée pour ces récompenses est l’observance des « lois et jugements » qui commandent essentiellement la destruction des autres. La seule culpabilité définie réside dans la non-observance de ces lois. L’intolérance est spécifiée en tant qu’observance, la tolérance en tant que non-observance -par conséquent, culpabilité. Les châtiments prescrits sont de ce monde et matériels, non spirituels. La conduite morale, pour peu qu’elle soit exigée, est requise uniquement envers les coreligionnaires, et les « étrangers » en sont exclus.

Cette forme unique de nationalisme fut présentée pour la première fois aux Judaïtes dans le Deutéronome, en tant que « Loi » de Jéhovah et parole littérale, adressée par ce dernier à Moïse. La notion de domination mondiale par la destruction est introduite au début (chapitre 2) de ces « discours censés avoir été délivrés » par un Moïse agonisant :

« L’Éternel m’adressa la parole, et dit… À partir d’aujourd’hui, je répandrai la terreur et la crainte de toi parmi les peuples qui sont sous tous les cieux, qui entendront parler de toi, et trembleront, et seront dans l’angoisse à cause de toi ». En témoignage de cela, le destin de deux peuples est en même temps montré. Le roi de Sihon et le roi de Bashân « sorti[ren]t se battre contre nous, lui et tout son peuple », sur quoi ils furent « totalement détruits, les hommes et les femmes et les petits enfants », seul le bétail fut épargné et « le butin » emporté « en guise de proie pour nous » (l’insistance sur la destruction totale est un thème récurrent et significatif de ces anecdotes illustratives).

Ces premiers exemples du pouvoir de Jéhovah à détruire les païens sont suivis par le premier des nombreux avertissements stipulant qu’à moins que « les lois et jugements » ne soient observés, Jéhovah punira son peuple spécial en le dispersant parmi les païens. L’énumération de ces « lois et jugements » suit les Commandements, dont la validité morale est détruite en même temps par une promesse de massacre tribal :

« Sept nations plus grandes et plus puissantes que toi » doivent être livrées aux mains des Judaïtes, et : « Tu les détruiras entièrement ; tu ne feras aucune alliance avec elles, et tu ne leur montreras aucune pitié… tu détruiras leurs autels… car tu es un peuple saint pour l’Éternel ton Dieu ; l’Éternel ton Dieu t’a choisi pour que tu sois un peuple spécial à ses yeux, entre tous les peuples qui sont sur la surface de la terre… Tu seras béni entre tous les peuples… Et tu consumeras tous les peuples que l’Éternel ton Dieu te livrera ; tes yeux seront sans pitié envers eux… l’Éternel ton Dieu enverra les frelons contre eux, jusqu’à ce que ceux qui restent et qui se cachent de toi, soient détruits… Et l’Éternel ton Dieu expulsera ces nations devant toi petit à petit… Mais l’Éternel ton Dieu te les livrera, et les

détruira par une destruction puissante jusqu’à ce qu’il soient

détruits… Et il livrera leurs rois entre tes mains, et tu détruiras leur

nom de dessous les cieux ; aucun homme ne sera capable de se tenir

devant toi, jusqu’à ce que tu l’aies détruit…»

Arrivés au XXe siècle de notre ère, les peuples de l’Occident, dans l’ensemble, avaient cessé d’attacher toute signification actuelle à ces incitations, mais les peuples directement concernés ne pensaient pas la même chose. Par exemple, la population arabe de Palestine fuit en masse sa terre d’origine après le massacre de Deir Yassin en 1948, parce que cet événement signifiait pour eux (tel que ses auteurs l’avaient voulu) que s’ils restaient, ils seraient « entièrement détruits ».

Ils savaient que les dirigeants sionistes, en train de palabrer avec les politiciens britanniques et américains du lointain Occident, avaient déclaré à plusieurs reprises que « la Bible est notre Mandat » (le Dr Chaim Weizmann), et ils savaient (si les populations occidentales ne le réalisaient pas) que l’allusion se référait à des passages tels que ceux ordonnant la « destruction totale » des populations arabes. Ils savaient que les dirigeants occidentaux avaient soutenu et continueraient à soutenir les envahisseurs et ainsi, ils n’avaient même pas l’espoir d’une simple survie, sinon dans la fuite. Ce massacre de 1948 ap. J.­

C. se rapporte directement aux « loi et jugements » stipulés au chapitre 7 du livre de la Loi, que les Lévites terminèrent et lurent en 621 av. J.­

C.

Les incitations et la séduction du Deutéronome continuent : « … Va prendre possession des nations plus grandes et plus puissantes que toi… l’Éternel ton Dieu ira lui-même devant toi ; tel un feu dévorant il les détruira, et il les terrassera devant toi ; alors tu les chasseras, et les détruiras promptement, comme l’Éternel te l’a dit… Car si tu observes avec zèle tous ces commandements que je t’ordonne… alors l’Éternel chassera devant toi toutes ces nations, et tu posséderas des nations plus grandes et plus puissantes que toi-même… même les côtes de la mer occidentale seront tiennes. Aucun homme ne sera capable de se tenir devant toi : car l’Éternel ton Dieu répandra la crainte et la terreur de toi sur toute terre que tu fouleras… »

Ensuite, Moïse, dans ce compte rendu, énumère les « lois et jugements » qui doivent être « observés » si l’on veut que toutes ces récompenses soient obtenues, et une fois encore « la Loi » est de détruire :

« Voici les lois et jugements, que tu observeras et pratiqueras… Tu

détruiras entièrement tous les lieux dans lesquels les nations que tu

posséderas ont servi leurs dieux… Quand l’Éternel ton Dieu aura

exterminé les nations devant toi, où tu iras pour les posséder, que tu

prendras leur place, et t’installeras sur leur terre : prends garde à ne pas tomber dans le piège en les suivant… et ne t’enquiers pas de

leurs dieux. »

Ce principe de « la Loi » exige du fidèle qu’il détruise les autres religions. Impartiale quand elle fut promulguée, elle acquit une application spécifique dans les siècles qui suivirent, du fait que la foi chrétienne se répandait, et la majorité des juifs à l’époque évoluait dans la même zone géographique : l’Occident. (Cela faisait de la chrétienté l’objectif premier de l’ordre de « destruction totale des lieux… », et le dynamitage des cathédrales russes, l’ouverture des « musées anti-Dieu », la canonisation de Judas et autres actions des premiers gouvernements bolchevistes, qui étaient constitués aux neuf dixième de juifs de l’Est, furent à l’évidence des actes d’« observance » sous cette « loi » du Deutéronome).

Les idées d’inquisition des hérétiques et des dénonciateurs, que l’Occident utilisa dans ses périodes rétrogrades et renia dans ses périodes éclairées, trouvent aussi leur source originelle (à moins que quelqu’un puisse en localiser une plus ancienne) dans le Deutéronome. De peur qu’un tel hérétique ne remette en question la Loi de la destruction, résumée dans les paragraphes précédents, le Deutéronome stipule ensuite que « si parmi vous s’élève un prophète ou un rêveur de rêves… (il) sera mis à mort » ; la crucifixion de Jésus (et la mort de nombreux protestataires contre le judaïsme littéral) tombent sous le coup de cette « loi ».

La dénonciation des proches qui s’attirent la suspicion d’hérésie est exigée. Ce fut le moyen terroriste introduit en Russie par les bolchevistes en 1917 et copié en Allemagne par les nazis en 1933. À l’époque, le monde chrétien exprima son horreur devant ces innovations barbares, mais la méthode est clairement stipulée dans le Deutéronome, qui exige que quiconque déclare « Allons servir d’autres dieux » soit dénoncé par ses frères, sœurs, fils, filles, épouses et ainsi de suite, et lapidé à mort.

De manière caractéristique, le Deutéronome ordonne que la main du parent génétique ou de l’épouse soit « la première levée » sur la victime de la dénonciation au moment de la mise à mort, et seulement ensuite, « la main de tous ». Cette « ordonnance de la Loi » est toujours observée de nos jours, dans une certaine mesure dictée par les conditions locales et autres circonstances. Les apostats ne peuvent être publiquement lapidés à mort dans l’environnement de communautés étrangères, où la loi de « l’étranger » pourrait considérer cela comme un meurtre, si bien qu’une déclaration officielle de « mort » et de cérémonie de deuil remplace symboliquement la peine judiciaire ; voir le compte rendu du Dr John Goldstein sur le rite symbolique et la tentative récente d’exiger la peine littérale, qui durant des siècles fut souvent infligée à l’intérieur de communautés juives fermées où la loi de « l’étranger » n’avait pas prise.

La Loi ordonne aussi que des communautés entières soient massacrées sous l’accusation d’apostasie : « Tu châtieras avec assurance les habitants de cette ville avec le tranchant de l’épée, la détruisant totalement, et tout ce qui s’y trouve ».

Concernant la destruction des villes, le Deutéronome fait la distinction entre les villes proches (c’est-à-dire palestiniennes) et les villes lointaines. Quand une « ville lointaine » a été prise, « tu en châtieras tous les mâles avec le tranchant de l’épée, mais les femmes, et les petits enfants, et le bétail, et tout ce qui se trouve dans la ville, même tout le butin, tu les prendras pour toi… ». Cette incitation concernant les femmes faites prisonnières est un thème récurrent, et le Deutéronome décrète la loi selon laquelle un ravisseur judaïte qui voit parmi les prisonnières « une belle femme » a le droit de l’emmener chez lui, mais que s’il n’en avait « aucune jouissance », il aurait le droit de la renvoyer.

Le cas d’une ville proche est différent ; la loi de destruction totale (que Saül transgressa) prévaut. « Mais à propos des villes de ces gens que l’Éternel ton Dieu te donne en héritage, tu ne laisseras en vie rien qui respire ; Mais tu les détruiras entièrement… comme l’Éternel ton Dieu te l’a ordonné ». (Ce verset 16 du chapitre 20, une fois encore, explique la fuite massive des Arabes palestiniens après Deir Yassin, où rien de ce qui respirait ne fut épargné. Ils virent que cet accomplissement littéral de la Loi de 621 av. J.-C. était à l’ordre du jour en 1948 ap. J.-C., et que les puissances occidentales étaient derrière cet accomplissement de la Loi de « destruction totale »).

La Seconde Loi continue : « Tu es un peuple saint pour l’Éternel ton Dieu, et l’Éternel t’a choisi pour être un peuple cher à ses yeux, entre toutes les nations qui sont sur la terre ». D’autres « lois et jugements » stipulent ensuite que « tout ce qui meurt de lui-même », étant impur, ne peut être mangé, mais « tu le donneras à l’étranger… ou tu pourras le lui vendre ; car tu es un peuple saint pour l’Éternel ton Dieu ».

Tous les sept ans, un créancier devra remettre la dette de son « voisin », mais « celle d’un étranger, tu pourras encore l’exiger ». Le chapitre 10 (étonnamment dans ce contexte) dit : « Tu aimeras donc l’étranger ; car tu étais toi-même étranger en terre d’Égypte », mais le chapitre 23 apporte l’annulation habituelle : « Tu ne prêteras pas avec intérêt à ton frère… à un étranger tu pourras prêter avec intérêt » (et des exemples plus graves de cette discrimination légale entre le « voisin » et « l’étranger » apparaissent dans les livres postérieurs, comme on le verra).

Le Deutéronome se termine par le thème prolongé, houleux et rageur de la-malédiction-ou-la-bénédiction. Moïse, sur le point de mourir, exhorte une fois de plus « le peuple » à choisir entre les bénédictions ou les malédictions, et les deux sont énumérées.

Les bénédictions sont exclusivement matérielles : la prospérité par l’augmentation de la famille, des récoltes et du bétail ; la défaite des ennemis ; et la domination mondiale. « l’Éternel ton Dieu t’élèvera au dessus de toutes les nations de la terre… l’Éternel fera de toi un peuple saint pour lui… Et tous les peuples de la terre verront que tu es appelé du nom du Seigneur ; et ils te craindront… tu prêteras à de nombreuses nations, et tu n’emprunteras pas. Et l’Éternel fera de toi la tête, et pas la queue ; et tu seras uniquement au dessus, et pas en dessous… »

Ces bénédictions s’étendent sur treize versets ; les malédictions sur quelque cinquante ou soixante. La divinité au nom de laquelle les malédictions sont clairement prononcées était considérée comme capable de faire le mal (en fait, cela est explicitement mentionné dans un livre postérieur, Ézéchiel, comme on le montrera).

Le judaïsme littéral est en définitive basé sur la terreur et la peur, et la liste des malédictions exposées au chapitre 23 de la seconde Loi montre l’importance que les prêtres attachaient à cette pratique de la malédiction (dont les judaïstes littéraux considèrent l’usage efficace jusqu’à ce jour). Ces malédictions, qu’on s’en rappelle, sont les peines pour non-observance, pas pour transgression morale ! « Si tu ne prêtes pas l’oreille à la voix de l’Éternel ton Dieu, si tu n’observes pas et n’appliques pas tous ses commandements et lois… toutes ces malédictions s’abattront sur toi… »

Les villes et les habitations, les enfants, les récoltes et le bétail, seront maudits « jusqu’à ce que tu sois détruit et que tu périsses entièrement ». La peste, la lèpre, les inflammations, le mildiou, les ulcères, les hémorroïdes, les croûtes, les démangeaisons, la démence, la famine, le cannibalisme et la sécheresse sont spécifiés. Les épouses des hommes coucheront avec d’autres hommes ; leurs enfants mourront en esclavage ; tout ceux qui resteront chez eux seront dévorés par leurs parents, le père et la mère se disputant leur chair et refusant que les enfants encore en vie y touchent. (Ces malédictions étaient inclues dans le Bannissement ultime quand il était prononcé contre les apostats jusqu’à une époque relativement récente, et sont probablement en usage aujourd’hui dans les places fortes de la communauté juive talmudique).

Les maladies et les catastrophes devaient punir le peuple « si tu n’observes pas et ne mets pas en pratique toutes les paroles de cette loi qui sont écrites dans ce livre, dans la crainte de ce nom glorieux et redoutable, l’Éternel Ton Dieu… J’en appellerai au ciel et à la terre pour témoigner contre toi, j’ai mis devant toi la vie et la mort, la bénédiction et la malédiction ; alors choisis la vie, afin que toi et ta progéniture viviez à jamais ».

Telles étaient la vie et la bénédiction que les Judaïtes, rassemblés au Temple en 621 av. J.-C., furent exhortés par leur chef de clan Josias -le porte-parole des prêtres -à choisir, au nom de Jéhovah et de Moïse. Le but et la signification de l’existence, sous cette « Loi mosaïque », étaient la destruction et l’asservissement des autres par amour du pillage et du pouvoir. À compter de ce moment-là, Israël dut sans doute s’estimer heureuse d’avoir été déclarée morte et d’avoir été exclue d’un tel monde à venir. Les Israélites s’étaient mêlés au courant plein de vie de l’humanité ; les Judaïtes restèrent échoués sur ses rives, aux mains du pouvoir de prêtres fanatiques qui leur ordonnaient, sous peine de « toutes ces malédictions », de détruire.

À la terreur inspirée par « toutes ces malédictions », les Lévites ajoutèrent aussi la séduction. Si « le peuple répondait et obéissait à la voix du Seigneur et accomplissait tous ses commandements… », alors « toutes ces malédictions » seraient transférées à leurs « ennemis » (non parce qu’ils avaient péché, mais simplement pour gonfler la mesure de la bénédiction accordée aux Judaïtes réhabilités !)

Dans ce principe, le Deutéronome révélait on ne peut plus clairement le statut attribué aux païens par la seconde Loi. En dernière analyse, « les païens » n’ont pas d’existence légale sous cette Loi ; comment pourraient-ils en avoir une, quand Jéhovah ne « connaît » que son « peuple saint » ? Pour autant que leur existence réelle soit admise, elle l’est seulement pour des raisons telles que celles mentionnées au verset 65, chapitre 28 et au verset 7, chapitre 30 : à savoir, accueillir les Judaïtes quand ils sont dispersés pour leurs transgressions et ensuite, quand leurs hôtes se repentent et sont pardonnés, hériter des malédictions levées de sur les Judaïtes régénérés. Il est vrai que le second verset cité donne le prétexte que « toutes ces malédictions » seront transférées aux païens parce qu’ils « haïssaient » et « persécutaient » les Judaïtes, mais comment pourrait-on les blâmer pour cela, quand la seule présence des Judaïtes parmi eux n’était que le résultat de « malédictions » punitives infligées par Jéhovah ? Car Jéhovah lui-même, selon un autre verset (64, chapitre 28), s’attribuait le mérite d’infliger la malédiction de l’exil sur les Judaïtes :

« Et l’Éternel te dispersera parmi tous les peuples, d’un bout à l’autre

de la terre… et parmi ces nations, tu ne trouveras aucun réconfort, et

la plante de ton pied ne trouvera pas le repos… »

Le Deutéronome emploie ce double language -pour utiliser un idiome moderne -d’un bout à l’autre : l’Éternel prive le peuple spécial de foyer, et le met parmi les païens, à cause de ses transgressions ; les païens, qui ne sont à blâmer ni pour cet exil ni pour ces transgressions, sont ses « persécuteurs » ; par conséquent, les païens seront détruits.

On comprend mieux l’attitude judaïste envers le reste de l’humanité, la création et l’univers en général, quand on considère ce point et les passages qui s’y rapportent -tout particulièrement la plainte constante que les juifs sont « persécutés » partout, plainte qui dans une tonalité ou dans une autre se retrouve dans quasi toute la littérature juive. Pour quiconque acceptant ce livre comme la Loi, la simple existence des autres est en fait persécution ; le Deutéronome laisse clairement entendre cela.

Le juif le plus nationaliste et le juif le plus éclairé s’accordent souvent sur une chose : ils ne peuvent réellement considérer le monde et ses affaires que sous un angle juif, et vu de cet angle, « l’étranger » semble insignifiant. Ils le pensent, donc c’est vrai ; ceci est l’héritage de vingt-cinq siècles de pensée juive ; même les juifs qui se rendent compte de l’hérésie ou de l’illusion ne sont pas toujours capables de se défaire totalement de ce cauchemar jeté sur leurs esprits et leurs âmes.

Le passage du Deutéronome cité en dernier montre que la secte dirigeante décrivit l’absence de terre en même temps que la loi décrétée par le dieu du peuple spécial, et comme une persécution commise par les ennemis du peuple spécial, méritant « toutes ces malédictions ». Pour des esprits d’un égotisme aussi extrême, un attentat politique dans lequel 95 gentils et 5 juifs perdent la vie ou leurs biens est tout bonnement une catastrophe anti-juive, et en cela ils ne sont pas consciemment hypocrites. Au XXe siècle, ce critère de jugement a été propulsé dans les vies des autres peuples et appliqué à tous les événements majeurs, concernant les épreuves de l’Occident. Ainsi, vivons-nous au siècle de l’illusion lévitique.

Ayant entrepris de jeter « toutes ces malédictions » sur des innocents, si les Judaïtes devaient revenir à l’observance de « toutes ces lois et jugements », le Moïse ressuscité du Deutéronome promit une bénédiction de plus : « l’Éternel ton Dieu viendra devant toi, et il détruira ces nations devant toi, et tu les posséderas… », et enfin, on lui permit de mourir en terre de Moab.

C’est dans « la Loi mosaïque » que l’idée destructrice a pris forme ­idée qui devait menacer la civilisation chrétienne et l’Occident (qui étaient tous les deux inconcevables à l’époque). Durant l’ère chrétienne, une assemblée de théologiens décida que l’Ancien et le Nouveau Testament devaient être réunis dans un seul livre, sans aucune différenciation, tels la tige et la fleur, et non tels un objet immobile et une puissance irrésistible. L’encyclopédie que j’ai sous les yeux au moment où j’écris déclare laconiquement que les églises chrétiennes acceptent l’Ancien Testament comme étant « d’autorité divine égale » à celle du Nouveau Testament.

Cette acceptation inconditionnelle couvre la totalité du contenu de l’Ancien Testament et pourrait être la source originelle de beaucoup de confusion au sein des églises chrétiennes et de beaucoup d’affolement parmi les masses qui recherchent le christianisme, car le dogme exige la croyance simultanée en des choses contraires. Comment le même Dieu, par commandement à Moïse, peut-il avoir ordonné aux hommes d’aimer leur prochain et de « détruire totalement » leur prochain ? Quel rapport peut-il y avoir entre le Dieu universel et aimant de la révélation chrétienne et la divinité maudissante du Deutéronome ?

Mais si en réalité, tout l’Ancien Testament -y compris ces commandements ainsi que d’autres -est « d’autorité divine égale » au Nouveau Testament, alors l’Occidental d’aujourd’hui a le droit de l’invoquer pour justifier les actes par lesquels la chrétienté s’est reniée le plus : l’importation d’esclaves africains en Amérique par les colons britanniques, le traitement des Indiens d’Amérique du Nord par les colons américains et canadiens, et la domination sévère des Afrikaners sur les Bantous d’Afrique du Sud. Il peut à juste titre faire directement porter la responsabilité de toutes ces choses à son curé ou à son évêque chrétien, si ce dernier enseigne que l’Ancien Testament, avec son injonction continuelle à massacrer, asservir et piller est « d’autorité divine égale ». Aucun ecclésiastique chrétien ne peut s’estimer irréprochable s’il enseigne cela. La décision théologique qui mit en place ce dogme projeta sur la chrétienté et sur les siècles à venir l’ombre du Deutéronome tel qu’il retomba sur les Judaïtes eux-mêmes quand on le leur lit en 621 av. J.-C.

Seul un autre écrit eut jamais un effet comparable sur les esprits des hommes et sur les générations futures ; si l’on s’autorise quelque simplification, la plus tentante est de voir l’histoire entière de l’Occident, et en particulier de ce XXe siècle décisif, comme une bataille entre la Loi mosaïque et le Nouveau Testament et entre les deux corps de l’humanité qui se rangent derrière l’un ou l’autre de ces deux messages respectifs de haine et d’amour.

Dans le Deutéronome, le judaïsme est né, mais il serait mort-né, et on aurait peut-être plus jamais entendu parler du Deutéronome, si cette question n’avait dépendu que des Lévites et de leurs Judaïtes prisonniers. Ils n’étaient pas nombreux ; et une nation cent fois plus nombreuse n’aurait jamais pu espérer imposer cette doctrine barbare au monde par la force de son seul pouvoir. Il n’y avait qu’une façon pour que « la Loi mosaïque » puisse gagner en vie et en puissance et devenir une influence perturbatrice dans la vie des autres peuples durant les siècles à venir. C’était si un « étranger » influent (parmi tous ces étrangers qu’il fallait encore maudire), un roi puissant de ces « païens » qu’il fallait encore détruire, la défendait avec armes et richesses.

Justement, cela était sur le point d’arriver quand Josias lut la seconde Loi au peuple en 621 av. J.-C., et cela devait se répéter continuellement au cours des siècles jusqu’à nos jours : l’invraisemblance gigantesque de la chose se confronte au fait tout aussi important et démontrable que c’est pourtant bien ce qui se passa ! À maintes reprises, les dirigeants de ces « autres nations » qui devaient être dépossédées et détruites épousèrent la doctrine destructrice, firent les volontés de la secte dominante, et au détriment de leur propres peuples l’aidèrent à servir son étrange ambition.

Environ vingt ans après la lecture du Deutéronome à Jérusalem, Juda fut conquise par le roi babylonien, en 596 av. J.-C. environ. À l’époque, l’affaire avait tout l’air d’être terminée, et à vrai dire c’était une affaire insignifiante en elle-même, parmi les grands événements de cette période. Juda n’exista plus jamais en tant qu’État indépendant, et n’étaient les Lévites, leur seconde Loi et l’aide étrangère, les Judaïtes -comme les Israélites -auraient fini par s’impliquer dans l’humanité.

Au lieu de cela, la victoire babylonienne fut le début de l’affaire ­ou de ses conséquences énormes pour le monde. La Loi, au lieu de mourir, devint plus forte à Babylone, où pour la première fois un roi étranger lui donna sa protection. Le permanent État-dans-les-États, nation-dans-les-nations fut projeté -une première -dans la vie des peuples ; la première expérience d’usurpation de pouvoir et de contrôle sur eux fut acquise. Beaucoup de souffrance pour les autres peuples se tramait alors.

Concernant les Judaïtes, ou les judaïstes et les juifs qui en émergèrent, il semble qu’ils héritèrent de l’avenir le plus malheureux qui soit. En tous les cas, ce n’est pas un homme heureux (même s’il s’agit d’un écrivain juif actuel, M. Maurice Samuel) qui, 2500 ans plus tard, écrivit : « … nous les juifs, les destructeurs, resteront les destructeurs à jamais… rien de ce que les gentils feront ne répondra à nos besoins et nos exigences »

À première vue cela semble railleur, venimeux, éhonté. L’étudiant appliqué de la controverse du sionisme découvre que cela ressemble plus à un cri de désespoir, tel que la « Loi mosaïque » doit en arracher à tout homme qui sent qu’il ne peut échapper à son impitoyable doctrine de destruction.


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